Cancer du rectum : que faire en cas de réponse complète après radio-chimiothérapie ?

Objectifs pédagogiques

  • Indication et modalités de la radiochimiothérapie néoadjuvante
  • Définition de la réponse complète
  • Dans quels cas peut-on discuter de la préservation du rectum en cas de réponse complète ?
  • Connaître les éléments prédictifs de la qualité de vie après un traitement curateur d’un cancer du rectum

Mots-clés : adénocarcinome rectal, radio-chimiothérapie, conservation rectale

Introduction

En 2016, le traitement standard du cancer du rectum invasif (T3-4 +/ – N+) est le traitement néo-adjuvant associant radiothérapie et chimiothérapie concomitante à base de 5-FU suivis d’une résection rectale emportant la tumeur primitive et son territoire de drainage ganglionnaire. À l’heure actuelle, cette combinaison offre les meilleures chances aux patients pour vaincre les problèmes posés par le cancer du rectum : la récidive locale et l’évolution métastatique. Cette approche thérapeutique est la résultante de 30 ans de progrès effectués parallèlement par la radiothérapie, la chirurgie et l’oncologie médicale. Ainsi, sur une période de 30 ans, entre les années 1980 et 2010, le pronostic du cancer du rectum s’est transformé ; les récidives locales ont été divisées par 3 et la survie s’est significativement allongée, avec un taux de continuité digestive maintenu pour 80 % des patients. Cependant, les patients ont un résultat fonctionnel variable, souvent avec un confort digestif très altéré en termes de continence et de vidange rectale après l’intervention. Parmi les patients qui ont un pronostic très favorable, ceux qui ont une réponse histologique complète après radio-chimiothérapie (sur l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire) ont des taux de survie proches des patients pris en charge pour un cancer de stade 1 et pour lesquels la conservation du rectum peut être raisonnablement discutée. On estime que 10 à 20 % des patients sont concernés par cette réponse complète. L’enjeu est important tant les séquelles fonctionnelles restent majeures malgré les progrès des techniques opératoires dans ce domaine. Cependant, une attitude conservatrice pose également un problème non encore entièrement résolu et qui rend sa validation systématique encore difficile : la fiabilité d’un staging de la tumeur primitive et des ganglions (qui repose actuellement sur l’examen anatomopathologique de la pièce de proctectomie avec curage). Si certaines équipes ont rapporté des résultats prometteurs de cette approche conservatrice, il reste encore à valider des méthodes fiables et reproductibles pour diagnostiquer la réponse complète. Cette attitude moins invasive voire conservatrice sur le rectum après downstaging constitue indiscutablement une perspective d’avenir.

Le traitement néo-adjuvant dans le cancer du rectum

Les premières publications qui ont rapporté les résultats de la radiothérapie pré-opératoire ont changé les pratiques [1]. C’est initialement un protocole de radiothérapie courte sur 5 jours qui a été proposé (5 × 5 Gy en 5 jours, pour un total de 25 Gy). Le traitement chirurgical est proposé dans les 10 jours qui suivent la fin des rayons. Par la suite, une radiothérapie prolongée a été proposée, dans le but d’améliorer sa tolérance. Dans ce protocole, la radiothérapie est administrée sur une période de 5 semaines pour une dose totale de 45-50 Gy. Ce dernier s’est imposé comme un standard dans la plupart des centres qui prennent en charge le cancer du rectum. Depuis cette validation, pour les lésions avancées (T3T4/N+) la radiothérapie pré-opératoire est devenu le standard auquel est comparée toute autre approche thérapeutique. Parallèlement, au cours des années 90, les progrès de la technique chirurgicale et notamment la ­description du plan du mesorectum ont permis de leur côté l’amélioration du pronostic locorégional de cette maladie. Par la suite, l’adjonction d’une chimiothérapie (à base de 5FU) à la radiothérapie a permis d’améliorer encore les résultats en termes de récidives [2, 3]. L’objectif était d’adjoindre une chimiothérapie à la radiothérapie préopératoire pour ne pas prendre de risques à différer la chirurgie chez des patients avec la tumeur primitive « en place ». Or l’apport de la chimiothérapie s’est traduit par une amélioration surtout du contrôle local de la maladie. Son impact sur l’évolution métastatique est plus dif­ficile à mettre en évidence ; et sur la ­survie des patients également. Néanmoins, compte tenu d’une bonne tolérance de la chimiothérapie (5-FU), cette approche a rapidement été adoptée. Progressivement on passe donc d’une radiothérapie à une radio-chimiothérapie comme traitement standard qui a aujourd’hui toujours les faveurs de la plupart des recommandations. Même dans les pays nord-américains qui, traditionnellement avaient une préférence pour le traitement postopératoire, cette approche s’est progressivement imposée [4].

Dans l’état actuel des connaissances résultant de ces publications majeures, le bénéfice du traitement néo-adjuvant est validé pour les lésions évoluées (T3/T4) car il améliore le contrôle local de la maladie. Pour les patients N+ dans le bilan pré-opératoire, cette approche combinée radiothérapie et chimiothérapie est également validée pour les mêmes raisons, quel que soit le stade de la tumeur même si en pratique, ce sont les lésions évoluées qui le plus souvent ont un envahissement ganglionnaire. Le thesaurus national de cancérologie digestive a retenu ces indications [5]. Concernant les tumeurs moins invasives (T2) les avis dans la littérature sont plus partagés. Plusieurs études ont inclus des tumeurs T2 dans des protocoles de radio-chimiothérapie préopératoire. Il semble que ces tumeurs offrent une réponse histologique complète plus fréquemment que les tumeurs évoluées [6]. Néanmoins, en l’état actuel des connaissances, le TNCD recommande une approche chirurgicale première radicale dans les situations T2N0, car les résultats d’une chirurgie optimale sont excellents.

Synthèse : La radiochimiothérapie néoadjuvante est le standard de traitement du cancer du rectum localement avancé.

La morbi-mortalité et les séquelles fonctionnelles de la chirurgie du rectum en 2016

Morbi-mortalité

La chirurgie du rectum « moderne » est sûre, elle a largement bénéficié des progrès de l’anesthésie et de la chirurgie. Actuellement, d’après les publications des essais récents, la mortalité post-opératoire est évaluée entre 2 et 3 % ; la morbidité postopératoire entre 20 et 30 % si on tient compte de tous les stades de la classification Dindo Clavien [7, 8].

Séquelles fonctionnelles

Si les progrès de la chirurgie ont été significatifs, il persiste encore des séquelles qui, progressivement, pren­nent une place croissante dans les plaintes des patients. On peut distinguer les séquelles digestives et extra-digestives.

Après résection rectale totale emportant le réservoir, le transit intestinal et les évacuations sont forcément modifiés. Le rythme des exonérations ainsi que la continence sont altérés de façon variable, selon le niveau où l’anastomose est effectuée (sa hauteur par rapport à l’appareil sphinctérien) et le recours à des procédés de reconstructions, mis au point pour recréer un ­néo-réservoir (anastomose latéro-­terminale, réservoir colique et J et coloplastie)[9]. De façon surprenante, la qualité de la continence et de l’appareil sphinctérien ne sont que très rarement évalués en pré-opératoire. C’est pourtant un paramètre qui devrait être déterminant dans le choix d’un rétablissement de continuité après résection rectale pour cancer. Jusqu’à une période très récente, on ne disposait pas d’outils pour évaluer objectivement la qualité de vie des patients après traitement d’un cancer du rectum. Une publication récente [10] a validé un score basé sur les symptômes du syndrome de résection antérieure : la fragmentation des selles, l’incontinence et les urgences. Ce LARS (Low anterior resection syndrome) score appliqué aux patients a montré que la moitié de nos opérés (tous stades confondus) ont un LARS score élevé témoignant d’une atteinte sévère du confort digestif et des exonérations. Ce score est corrélé à la qualité de vie des patients. De façon intéressante, les études montrent que le traitement néo-adjuvant est un facteur altérant de façon significative et indépendante les résultats fonctionnels. On savait déjà que ce traitement augmentait la morbidité opératoire, on sait aujourd’hui qu’il augmente les séquelles digestives et de façon très importante [11, 12]. Dans l’étude néerlandaise qui a utilisé ce score après un suivi moyen des patients de près de 15 ans, la moitié des patients souffrait d’un LARS score sévère. La radiothérapie multipliait par 3 le risque d’avoir un score élevé [12]. Si on s’intéresse au sous-groupe des patients qui ont subi une résection ultra-basse, avec résection partielle du sphincter interne, les séquelles sont d’autant plus importantes, en parti­culier sur la continence. Là encore, l’effet du traitement néo-adjuvant est significatif [13]. Ce point de vue fonctionnel est important, car les progrès récents en termes oncologiques ont permis d’augmenter le taux de rétablissement de continuité de façon importante et le contrôle local de la mala­die, mais au prix d’un résultat fonctionnel moyen, en particulier pour les patients ayant des tumeurs très basses.

Parallèlement aux séquelles digestives, il existe des séquelles urinaires et sexuelles. Bien documentés dans la littérature, on estime que 5 ans après la chirurgie, 30 à 40 % des patient(e)s auront des troubles de vidange vésicale se manifestant par des pollakiuries et des mictions nocturnes [14]. Sur le plan sexuel, si les progrès de la technique opératoire ont permis de limiter les blessures nerveuses, les séquelles sexuelles restent néanmoins fréquentes et probablement multifactorielles, la dimension anatomique n’est pas seule en cause. Ainsi, par exemple, la présence d’un syndrome de résection important, avec des séquelles digestives, est corrélée à un inconfort urinaire et sexuel accru [14].

Synthèse : La proctectomie pour cancer est une intervention standardisée exposant le patient à une morbi-mortalité significative ; des séquelles fonctionnelles digestives fréquentes, urinaires et sexuelles occasionnelles.

La réponse histologique comme marqueur pronostic dans le cancer du rectum

Depuis les 10 dernières années, l’effet sur les tumeurs des traitements ­d’induction a fait émerger des facteurs pronostiques importants dans la prise en charge des patients atteints de cancers digestifs. Pour le cancer du rectum, une réponse cellulaire corrélée à l’efficacité du traitement peut être observée. Cette réponse au traitement est observée au mieux par l’anatomopathologiste qui peut l’apprécier en suivant une classification (Dworak-Tumor Regression Grade : TRG). On évalue alors le pourcentage de cellules malignes résiduelles et de régression (fibrose, plages colloïdes acellulaires) au sein du tissu tumoral [15]. Une réponse histologique plus marquée est associée à un meilleur pronostic [16]. Ainsi, la réponse histologique est devenue un élément incontournable de l’évaluation des patients pour décider du schéma thérapeutique à proposer. Cet élément est particulièrement vrai dans le cancer colorectal métastatique. Mais la notion de réponse histologique complète a aussi poussé les cliniciens à suivre de près ces groupes de patients qui sont très répondeurs. Dans l’état actuel des protocoles de radio-chimiothérapie, la réponse complète se voit chez 10 à 15 % des patients. C’est chez ces patients, qui n’ont plus de tumeur après radio-chimiothérapie, qu’une chirurgie délabrante et source de séquelles fonctionnelles importantes est remise en cause.

Signification pronostique de la réponse pathologique complète

L’intérêt suscité par la réponse complète est bien démontré dans la littérature. Dans une méta-analyse récente, Martin et al. [13] ont montré que les patients en réponse complète après radio-chimiothérapie suivie par une chirurgie radicale avaient un contrôle local de la maladie et une survie excellente, proche des tumeurs de stade 1. Les auteurs ont recensé dans leur méta-analyse 3 363 patients avec un suivi de 55 mois en moyenne. Les résultats sont bons, avec une survie globale de 90 %, sans récidive de 88,7 %. Le taux de récidive locale moyen est de 0,7 % et l’évolution métastatique de 8,7 %. D’autres publications ont rapporté des résultats aussi encourageants [17]. Même si l’interprétation précise des résultats est complexe compte tenu de l’hétérogénéité des patients inclus (tous stades confondus), ces résultats sont extrêmement prometteurs, faisant presque oublier le risque de récidive locale, et offrant à des patients, qui ont pourtant des tumeurs évoluées, des bonnes chances de survie. Or dès lors qu’il reste des cellules tumorales, le pronostic rejoint rapidement celui du stade initial de la maladie. Par ailleurs, un autre problème soulevé et évalué dans la littérature est la corrélation entre réponse histologique de la tumeur primitive et le risque d’envahissement ganglionnaire. Dans une revue de plus de 600 cas de cancers du rectum, Read et al. [18] ont montré qu’il existait une corrélation entre le stade T sur l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire après radio-chimiothérapie (ypT) et l’envahissement ganglionnaire : 2 % ypT0 / 4 % ypT1 / 23 % ypT2 / 47 % ypT3. S’il est très réduit, le taux d’envahissement ganglionnaire n’est pourtant pas nul en cas de réponse pathologique complète. Dans la perspective de sure soir à une proctectomie en cas de disparition de la tumeur primitive, il faut bien tenir compte du risque de laisser également en place un envahissement ganglionnaire… Dans une revue récente, Rullier et al. [19] ont recensé les patients ypT0 et ypT1 avec un taux d’envahissement ganglionnaire de 7 %.

L’émergence de l’idée de préservation d’organe

C’est le constat qu’un certain nombre de patients sont opérés en situation de réponse complète après la radiochimiothérapie avec une pièce stérilisée de toute tumeur qui a fait évoquer la possibilité d’une préservation d’organe. Actuellement, la préservation d’organe dans le cancer du rectum est réservée aux seules chirurgies d’exérèse locale dans les petites tumeurs T1sm1, de taille compatible avec un geste local (moins de 3 cm) et en l’absence de signes histologiques de mauvais pronostic. On s’intéresse ici aux tumeurs invasives, stérilisées par la radio-chimiothérapie. Cette perspective est intéressante en particulier chez les patients à risque opératoire (co-morbidité). Cette attitude a été proposée depuis plusieurs années par certaines équipes, mais est restée jusqu’à aujourd’hui assez peu diffusée. En effet, elle suscite encore des questions non résolues : la définition même de la réponse complète ne peut être validée que sur l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire. Or la ­stratégie de préservation impose de conserver l’organe et de définir la réponse complète autrement. Par ailleurs, l’envahissement ganglionnaire reste aussi un obstacle tant qu’il n’est pas formellement possible d’écarter tout risque de laisser en place une adénopathie tumorale.

Synthèse : La réponse à la radiochimiothérapie préopératoire est un marqueur pronostic majeur, en particulier en situation de réponse complète. Le pronostic de ces patients est si bon que la question de la nécessité de résection du rectum est posée.

Les pistes pour apprécier la réponse tumorale sans l’examen anatomo-pathologique de la pièce de proctectomie

Parmi les méthodes d’évaluation non invasives de l’extension d’un cancer du rectum après traitement néo-adjuvant, il existe les données de l’examen clinique (toucher rectal et rectoscopie avec biopsies) ; le dosage de l’ACE ; les examens morphologiques complémentaires (echo-endoscopie et IRM rectale). On parle alors, en cas d’examens négatifs, d’une réponse clinique complète.

Évaluation non invasive de la réponse tumorale

L’examen clinique avec le toucher rectal peut être pris en défaut avec surtout une surévaluation du reliquat tumoral. Dans une étude récente [20] le toucher rectal avait « repéré » 3 réponses ­complètes sur les 14 patients après radio-chimiothérapie. Les auteurs pensent que la réaction inflammatoire liée au traitement est susceptible de fausser le résultat du toucher rectal. La rectoscopie avec biopsies permet d’être plus précise (Fig. 1).

Figure 1. Rectoscopie avec la tumeur avant traitement néo-adjuvant (panel A) et après une réponse complète, à 6 mois dans ce cas, une absence de reliquat tumoral visible macroscopiquement (panel B)

Figure 1. Rectoscopie avec la tumeur avant traitement néo-adjuvant (panel A) et après une réponse complète, à 6 mois dans ce cas, une absence de reliquat tumoral visible macroscopiquement (panel B)

Néanmoins, les biopsies sont également prises en défaut. Dans une étude prospective portant sur 46 patients, la concordance entre les biopsies et l’examen anatomopathologique final n’était que de 59 %. Les biopsies étaient en effet négatives chez 11 des 16 patients pour lesquels un reliquat tumoral était finalement retrouvé sur la pièce opératoire [21]. Un des paramètres important et non rapporté dans la littérature est le délai post traitement pour évaluer la réponse. Une fois passée la période inflammatoire de quelques semaines, les données de l’examen clinique sont probablement plus fiables. Cette idée provient des équipes qui ont proposé cette approche [22] sur une période prolongée bien que non évaluée clairement dans la littérature.

Concernant les examens complémentaires, PET-scan et scanner abdomino-pelvien ne permettent pas d’évaluer la réponse avec précision, en raison de l’inflammation locale. Ceci vaut autant pour l’appréciation de la tumeur primitive que l’envahissement ganglionnaire [23]. L’IRM et l’échoendoscopie font référence pour la réévaluation de la tumeur primitive et en particulier pour la recherche de l’envahissement ganglionnaire. L’évaluation du staging ganglionnaire est en effet un élément pronostic majeur dictant la suite de la prise en charge des patients. Or les remaniements post radio-chimiothérapie (inflammation et fibrose) représentent un obstacle pour apprécier objectivement la réponse avec souvent une surévaluation de l’extension de la maladie. Dans une méta-analyse récente [24], la sensibilité de l’IRM pour l’appréciation du stade tumoral était de 50 %, sa spécificité 91 %. Concernant la détection des adénopathies, la sensibilité était de 77 %, la spécificité de 66 % en pré-thérapeutique. Après radio-chimiothérapie, la valeur prédictive négative de l’IRM atteignait 80 %. Si ces résultats sont encourageants, ils ne permettent toutefois pas d’avoir une évaluation formelle de la réponse tumorale et ganglionnaire. Concernant l’IRM, de nombreuses publications évaluent des techniques récentes d’imagerie telles que l’IRM de diffusion [25], les produits de contrastes ferriques (Gadofosveset) [26]. Ces approches d’imagerie innovantes sont prometteuses, mais encore en évaluation.

Appréciation de la réponse par la résection de la cicatrice tumorale

L’alternative pour diagnostiquer la réponse complète est de proposer une résection systématique de la cicatrice tumorale. Ainsi, une analyse précise et exhaustive de la zone tumorale permettrait d’être plus proche de la définition d’une réponse pathologique complète. Cette stratégie a gagné en popularité rapidement avec le développement des dispositifs de chirurgie endoscopique par voie transanale. En effet, au cours des années 2000, la TEM (Transanal Endoscopic Microsurgery) a permis de repousser les limites de la chirurgie transanale, pour les tumeurs bénignes d’une part, pour les petits cancers du rectum (T1 sm1) d’autre part. Parallèlement, les techniques de résection endoscopiques par dissection sous-muqueuse ont également fait avancer les possibilités de résection transanale. C’est donc logiquement que ces approches mini-invasives ont été proposées pour une réévaluation systématique de la réponse à la radio-chimiothérapie en effectuant une macro-biopsie de la zone tumorale en réponse supposée. Cette attitude est séduisante sur le plan conceptuel, mais se heurte à plusieurs limites. La première est qu’elle ne permet qu’une exploration de la tumeur primitive. Or l’envahissement ganglionnaire est une donnée au moins aussi importante que l’envahissement de la tumeur primitive. La seconde est que ce geste expose à une morbidité propre significativement plus importante en cas de radio-chimiothérapie par rapport à une situation naïve de traitement. Il est probable que la cicatrisation de la plaie soit localement plus difficile, plus longue et douloureuse. Ce point négatif est d’autant plus important que la tumeur est située bas sur le rectum et que la résection de la cicatrice se trouve à proximité du canal anal en zone ­sensible [27]. Mais ce qui est plus grave encore, c’est qu’à ce niveau, les complications des résections locales peuvent mettre en péril la chirurgie carcinologique de rattrapage si elle est nécessaire [28]. Certains auteurs ont rapporté un taux de stomie définitive supérieur dans ces populations. Il est difficile aujourd’hui de conclure formellement sur la place de la résection locale après radio-chimiothérapie. Elle reste donc très débattue.

Synthèse : La définition de la réponse complète est un enjeu important pour sélectionner les candidats à une préservation d’organe. L’examen clinique (toucher rectal, rectoscopie) et les examens morphologiques (echoendoscopie et IRM) doivent être évalués dans des essais cliniques. La résection chirurgicale de la cicatrice tumorale est faisable (chirurgie microscopique transanale TEM) mais expose à des risques accrus de morbidité et de stomie en cas de chirurgie de rattrapage. Elle ne peut donc pas être validée en dehors d’essais cliniques également.

Les séries rapportées de conservation du rectum après réponse complète

Le centre qui concentre dans ce domaine la principale expérience est Sao Paulo avec l’équipe d’Angelita Habr Gama. Dès 2004, cette équipe rapporte l’idée d’une attitude conservatrice « watch and wait » pour les patients en réponse complète après radio-chimiothérapie [22, 29]. Le Dr Habr-Gama ­rapporte les résultats d’une cohorte de 361 patients avec des cancers du bas rectum jugés résécables (T2-4N0/N+) traités par un protocole de radio-chimiothérapie comportant 50,4 Gy associés à une bithérapie Leucovérine/
5FU administrés 3 jours de suite dans les premiers et derniers jours du traitement. Après 8 semaines, tous les patients ont eu une réévaluation comprenant un examen clinique, une endoscopie avec biopsies pour définir la réponse complète en cas de disparition tumorale et de biopsies négatives sur la cicatrice. En cas d’ulcère résiduel et/ou biopsies positives, le patient était considéré en réponse incomplète et pris en charge pour une chirurgie radicale. En revanche, les patients qui avaient une réponse jugée complète étaient inclus dans un protocole strict de suivi mensuel avec examen clinique, dosage de l’ACE, rectoscopie avec biopsies sur la moindre lésion suspecte, l’echoendoscopie était réalisée selon la disponibilité mais pas de façon systématique, scanner et IRM étaient réalisés chez tous les patients. Ce protocole très rapproché était poursuivi pour une durée de 1 an, puis la surveillance était progressivement espacée tous les 3 mois pour une année puis tous les 6 mois. En suivant ce protocole très rigoureux, un total de 99 patients a évité la chirurgie. Avec un suivi de 60 mois, cette cohorte a développé 13 récidives (13 % des cas). Les récidives étaient endo-rectales pour 5 cas (5 %) ; systémique pour 7 patients (7 %) et mixte pour 1 cas. Les 5 patients avec une récidive locale endo-rectale ont été « rattrapés » par une chirurgie radicale. Le taux de survie à 5 ans et de survie sans récidive sont respectivement de 93 et 85 % [29]. Ces résultats ont induit des questions dans le monde chirurgical et oncologique du cancer du rectum. En effet, si des expériences précédentes avaient été rapportées, c’est la première fois qu’un protocole de surveillance était proposé à des patients qui auraient été opérés. À ce stade, il fallait miser sur un succès équivalent à la chirurgie par une stratégie conservatrice et déjà faire l’impasse sur un examen anatomo-pathologique de la pièce de proctectomie. Ces publications ont valu à son auteur principal une notoriété internationale et à sa suite d’autres équipes se sont lancées dans cette approche, mais avec des résultats pas toujours aussi bons. Une équipe néerlandaise a proposé un protocole proche de celui des Brésiliens : entre 2004 et 2010, 192 patients (cT1-3N0-2) ont reçu une radiochimiothérapie (50,4 Gy en 28 fractions avec Cape­citabine). Après un délai de 6 à 8 semaines, une réévaluation clinique et IRM était effectuée. En plus d’une IRM standard, une IRM DWI était ­réalisée pour évaluer la détection des reliquats tumoraux dans la paroi (en hypersignal) ainsi qu’une IRM gadofosveset et trisodium pour évaluer l’extension ganglionnaire. En cas d’absence de reliquat tumoral, une endoscopie était réalisée pour tenter d’améliorer la détection luminale. Les patients étaient estimés en réponse clinique complète en cas de négativité de tous les examens sus-décrits. Le suivi était standardisé avec une IRM, endoscopie avec biopsies, scanner et dosage d’ACE tous les 3 mois puis 6 mois. Parmi les 21 patients qui ont rempli tous ces critères, 1 patient a développé une récidive endoluminale et a été opéré au cours du suivi. Les 20 autres patients sont vivants sans récidive après un suivi de 25 mois. Après 2 ans, le taux de survie sans récidive est de 89 % et la survie globale à 100 %. Ce bon résultat témoigne à la fois du pronostic de la réponse complète, mais surtout d’un suivi très rigoureux des patients. En comparaison, une cohorte de patients contrôles opérés dans la même situation dans leur centre a une survie sans récidive de 93 % et une survie globale de 91 %, ce qui est équivalent au groupe surveillé [30]. Sur le plan fonctionnel, les résultats étaient meilleurs dans le groupe surveillé qu’opéré. La 3e série publiée provient du Mémorial Sloan Kettering cancer center de New York. Les auteurs rapportent initialement les résultats du suivi de 32 patients en réponse Clinique complète inclus dans un protocole de surveillance rapprochée entre janvier 2006 et août 2010. Ces patients ont été rétrospectivement comparés à 57 patients avec une réponse complète (pathologique cette fois) après résection rectale. Avec un suivi moyen de 28 mois pour le groupe surveillé, 6 patients ont développé une récidive locale et ont été opérés. Par la suite, 3 de ces patients ont développé des métastases à distance [31]. Dans une mise à jour de leurs résultats sur une période plus étendue (2006-2013), parmi 442 patients pris en charge pour un cancer localement avancé, 73 (16,5 %) ont rempli les critères de réponse complète sur la pièce de proctectomie. Au cours de la même période, 72 patients (16,2 %) ont été suivis après réponse complète évaluée sur une exérèse de la cicatrice sans proctectomie. Après un suivi moyen de 19 mois, 19 patients (1/3 de l’effectif) ont présenté une récidive locale ; 16 récidives luminales isolées et 3 avec envahissement ganglionnaire. Tous ces patients ont été opérés, 2 par résection locale et 17 par résection rectale avec curage [32]. Finalement, le taux de survie sans récidive et de survie globale reste bon et comparable à la population de référence opérée initialement de proc­tectomie et le résultat fonctionnel en intention de traiter est meilleur. Un essai clinique français dont les résultats sont actuellement en cours d’analyse a comparé de façon prospective et randomisée la chirurgie radicale avec l’exérèse locale de la cicatrice tumorale après traitement néo-adjuvant (essai GRECCAR 2). Les résultats ne sont pas encore publiés mais devraient apporter des arguments pour valider ou non la stratégie de conservation d’organe pour les cancers avancés du rectum. Dans cette étude, seules des tumeurs < 4 cm étaient incluses, imposant déjà une sélection des patients. Après radio-chimiothérapie, en cas de réponse clinique (évaluée sur une cicatrice de moins de 2 cm) la randomisation était effectuée entre chirurgie radicale et résection locale de la cicatrice tumorale. Le critère principal de jugement est un score intégrant récidive, décès, morbidité et séquelles fonctionnelles. Les inclusions sont closes et les résultats devraient être publiés prochainement.

Synthèse : La préservation d’organe est une stratégie possible chez des patients sélectionnés. Le principal obstacle reste l’évaluation de la réponse complète. En attendant les résultats de l’essai GRECCAR 2, on ne dispose pas d’études randomisées validant un protocole d’évaluation et de suivi qui serait applicable en routine. Compte tenu du risque carcinologique encouru, cette approche ne peut être proposée qu’à des patients chez qui le risque opératoire paraît trop important pour entreprendre une proctectomie. Dans tous les cas, une information claire doit être délivrée au patient en termes de risques encourus et d’avantages possibles d’une telle stratégie. L’adhésion à un suivi très régulier doit aussi être ­clairement exposée.

Figure. Algorithme de prise en charge et d’évaluation de la réponse à la radiochimiothérapie néoadjuvante pour cancer du rectum localement avancé

Figure. Algorithme de prise en charge et d’évaluation de la réponse à la radiochimiothérapie néoadjuvante pour cancer du rectum localement avancé

Les perspectives pour l’avenir

Il est actuellement difficile de savoir si nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère dans laquelle le cancer du rectum sera le traitement médical par radio-chimiothérapie avec une place pour la chirurgie en rattrapage en cas de récidive. Actuellement, la situation de réponse complète concerne une proportion assez faible de patients (moins de 20 %).

Partant de ces constats et de l’excellent pronostic des patients qui ont une réponse pathologique complète, les travaux de recherche à venir devront s’attacher à potentialiser l’effet du traitement néo-adjuvant pour augmenter le recrutement des patients, et d’autre part à améliorer le staging des patients et la réévaluation après radio-chimiothérapie.

Pour potentialiser le traitement néo-adjuvant plusieurs pistes sont en cours d’évaluation : dans une étude récente Habr Gama et al. ont proposé à 70 patients d’évaluer l’effet d’une radio-chimiothérapie avec un protocole de chimiothérapie prolongée (6 cycles de 5-FU/Leucoverin toutes les 3 semaines). Parmi les 70 patients inclus, 47 ont présenté une réponse clinique complète à 10 semaines de la fin de la radiothérapie et ont poursuivi le traitement jusqu’à son terme. Après 12 mois, 39 patients sont toujours en réponse clinique complète. 4 patients ont développé une récidive locale. Au total, 35(50 %) des patients n’auront pas été opérés de leur cancer du rectum [33].

Une autre piste est d’augmenter les doses de radiothérapie. Expérimen­talement, l’augmentation des doses de radiation augmente la réponse tumorale. Cependant, augmenter les doses conduit à augmenter la toxicité du traitement. À l’avenir, les progrès des nouvelles machines de radiothérapies permettront peut-être d’améliorer la focalisation des rayons sans augmenter les effets collatéraux [34]. L’adjonc­tion d’une radiothérapie endocavitaire pourrait également être proposée. Une équipe allemande a récemment proposé une augmentation de la dose délivrée par radiothérapie externe à 60 Gy, suivie d’une brachythérapie endocavitaire de 5 Gy à des patients porteurs de tumeurs T2 et T3. 40 patients ont été évalués, le taux de récidive à un an est de 15 % sans proctectomie. Le résultat fonctionnel était bon dans cette série notamment sur le plan de la continence sphinctérienne. Le taux de rectites radiques était de 7 % à 1 an et 6 % à 2 ans [35]. Ces résultats sont encourageants, mais des études à plus grande échelle avec un suivi plus long doivent être réalisées pour valider ce ­traitement.

Au-delà d’une optimisation du traitement néo-adjuvant, la sélection des patients est aussi cruciale pour proposer cette stratégie aux meilleurs candidats. La précision du délai idéal pour apprécier définitivement la réponse à la radio-chimiothérapie n’est pas encore bien définie. Entre 6 et 10 semaines, la réponse peut encore évoluer. On sait aujourd’hui que différer l’acte opératoire peut avoir des conséquences en termes de morbidité [36]. Une meilleure connaissance de la séquence de réponse tumorale aidera à préciser ce délai. La résection de la cicatrice tumorale fait également débat : rassurante pour le clinicien, elle permet de documenter la réponse de façon objective [6]. Malheureusement, à ce jour, les expériences rapportées incitent à la prudence car ce geste en soi peut être responsable d’une morbidité et altérer la chirurgie radicale lorsqu’elle est nécessaire. Plusieurs essais cliniques sont en cours pour essayer de définir plus précisément la place de cette résection, son délai après le traitement et surtout la sélection des candidats à une chirurgie de rattrapage.

Par ailleurs, le développement à venir de bio-marqueurs sera primordial pour sélectionner les candidats. À l’instar des marqueurs moléculaires de réponse à la chimiothérapie, une meilleure connaissance de la biologie de la tumeur propre à chaque patient ­permettra d’avoir une sélection plus précise des candidats à une stratégie de radio-chimiothérapie optimisée. Elle évitera surtout d’imposer un traitement préopératoire long qui augmente les complications postopératoires aux patients qui ne seront pas répondeurs [37].

Synthèse et conclusion

La réponse complète à la radio-chimiothérapie néoadjuvante est un facteur de bon pronostic pour les patients. Aujourd’hui, c’est principalement sur l’examen anatomo-pathologique de la pièce opératoire et de son curage que cette situation favorable est prouvée. Cette attitude opératoire reste encore un standard qui offre un taux de survie et de guérison maximal. Malgré les progrès immenses qui ont été faits dans la gestion chirurgicale du cancer du rectum, cette intervention reste encore grevée d’une morbi-mortalité importante. Ainsi, l’apport des publications récentes rapportant une survie satisfaisante après surveillance sans proctectomie pour ces patients doit nous permettre ponctuellement de proposer cette attitude lorsque la chirurgie est risquée (co-morbidité) ou contre-indiquée avec une adhésion et un accord des patients qui doivent être parfaitement informés des différentes options possibles (Algorithme). Il faut attendre la publication d’essais randomisés prospectifs de grande ampleur pour valider cette attitude de façon plus large et la proposer à des patients candidats à la chirurgie pour en limiter les effets secondaires sans péjorer le pronostic carcinologique.

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Les Cinq points forts

  1. 15 % des patients pour lesquels une radio-chimiothérapie néoadjuvante est indiquée (cancer du rectum T3/T4) auront une pièce opératoire avec une réponse histologique complète.
  2. Le pronostic des patients en réponse histologique complète est excellent (95 % de survie sans récidive à 5 ans) proche des cancers de stade 1.
  3. La résection du rectum expose le patient à une mortalité de 2-3 % et une morbidité de 20-30 %.
  4. L’évaluation de la réponse complète au niveau de la tumeur et sur l’envahissement ganglionnaire est un point crucial pour valider une stratégie de conservation du rectum. Elle est aujourd’hui insuffisante pour justifier de façon systématique cette approche.
  5. Les patients à risque opératoire important (comorbidités) et ceux qui refusent la chirurgie peuvent éventuellement bénéficier d’une approche conservatrice du rectum.