POST’U

Editorial – POST’U 2012

La FMC-HGE est une structure originale fédérant des médecins libéraux, des centres hospitaliers généraux et universitaires dont le but est d’organiser la Formation Médicale Continue lors des Journées d’Hépatogastroentérologie et d’Oncologie Digestive (JFHOD). 

Sous la houlette du secrétaire général sortant de la SNFGE, Guillaume Cadiot, les JFHOD ont pris une ampleur nouvelle et considérable avec une augmentation de l’offre de formation sur les 4 jours et une intrication plus affirmée des journées scientifiques et de FMC qui permet à chacun d’y « faire son marché ». À l’heure de son départ, il nous faut le saluer chapeau bas et le féliciter pour son travail exceptionnel. 

Nul ne doute que d’autres évolutions viendront permettant à chacun selon ses pôles d’intérêt et de spécialisation de trouver son content. 

Tout ceci ne s’est pas fait tout seul du côté de la FMC-HGE. Cette association atteint la trentaine. 30 ans, c’est l’âge de la beauté, des désirs assouvis et assumés. C’est aussi l’âge de la maturité et de la construction de projets solides. La pérennité de cette association, l’amélioration constante de la FMCHGE qui réunit chaque année plusieurs milliers de congressistes francophones ont été rendues possible grâce à la longue chaîne d’administrateurs investis dans leur mission bénévole et… chronophage au service des autres. Au nom de tous, qu’ils en soient très vivement remerciés et gratifiés. 

Le conseil d’administration ne se contente pas d’établir le programme. Il en précise les objectifs pédagogiques, corrige et améliore la qualité des textes produits par les experts et veille à la qualité des communications orales. 

En 2012, la FMC-HGE développera une application iPhone qui permettra un accès au programme, aux objectifs pédagogiques et aux points forts des communications. Cette application s’enrichira progressivement de multiples possibilités (push letters contenant les messages des meilleures communications aux JFHOD et à l’UEGW, classifications, banques d’images, algorithmes décisionnels, QCM de formation, etc.). 

La FMC-HGE a aussi décidé de sensibiliser les jeunes collègues d’une part en se rapprochant de la jeune association des internes en HGE qui est née il y a quelques mois, d’autre part en finançant la venue de 14 internes aux JFHOD et de plusieurs jeunes collègues en fin de formation à l’UEGW. 

La FMC-HGE collabore aussi avec les sociétés étrangères notamment en Afrique Sub-saharienne et Afrique du Nord. Un enrichissement de notre collaboration avec l’AGELA, association algéroise de HGE libéraux est en cours de négociation. 

Puisque ce texte clôture deux ans de passionnante présidence, je ne peux pas ne pas remercier Pascale Rouvière, fidèle et merveilleuse secrétaire de la FMC-HGE dont la main ferme tient depuis de nombreuses années la barre de notre association ainsi que les membres du bureau en la personne de Patrice Pienkowski, infatigable et rigoureux secrétaire général, et Christian Boustière, trésorier plein d’inventivité. 

Bon congrès ! 

Grossesse et MICI

La maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH) ont une prévalence élevée chez les patients en âge de procréer. Avec une prévalence estimée à 1 pour 1 000 habitants en France et en Europe, la MC atteint les deux sexes mais est légèrement plus fréquente chez la femme (sex ratio égal à 1,2) avec un pic d’incidence entre 20 et 30 ans. La RCH est quant à elle plus fréquente chez l’homme (sex ratio égal à 0,8) et son incidence est constante entre 20 et 60 ans. De ce fait, un certain nombre de questions et d’incertitudes émanent de cette population à propos du risque de transmission de la MICI à la descendance, de l’impact de la maladie et des traitements sur la fertilité et la capacité à concevoir un enfant sain, de l’influence de la maladie sur le cours de la grossesse et le mode ­d’accouchement, et enfin de l’effet des traitements sur la grossesse, le développement fœtal et l’allaitement. Il est intéressant de noter que ces incertitudes amènent les patientes à préférer parfois s’abstenir d’une grossesse en comparaison aux populations contrôles non atteintes. Ces questions sont essentielles et nous y sommes en tant que soignants de plus en plus confrontés, ce d’autant que l’incidence des MICI tend à croître depuis ces dernières décennies et que l’avancée dans des traitements d’induction et de maintien en rémission de plus en plus efficaces permet actuellement d’encourager bon nombre des patientes à ne pas réfréner leur désir de grossesse. Cette mise au point, conforme aux recommandations du consensus de l’European Crohn’s and Colitis Organisation [1], passe en revue les données récentes de la littérature sur le sujet afin de nous permettre d’apporter une information éclairée à nos patientes.

MICI et hérédité

Un souci majeur exprimé par les patientes désirant une grossesse est le risque de transmission de la MICI à la descendance. Les études de cohorte et registres familiaux ont permis ­d’observer que l’histoire familiale est le principal facteur de risque de développer une MICI. Lorsqu’un parent est atteint, les risques pour la descendance sont de 2 à 13 fois plus importants que dans la population générale [2, 3, 4]. Ces risques de transmission sont plus importants dans la MC que dans la RCH et ont été estimés à 5,2 % et 1,6 % pour la survenue respectivement d’une MC ou d’une RCH chez les descendants au premier degré d’un parent atteint. Ces risques sont encore plus importants dans la population juive et passent à 7,8 % et 4,5 % respectivement en cas de MC ou de RCH. Si les deux parents sont atteints, le risque de survenue d’une MICI au cours de la vie s’élèverait à 36 % [5].

MICI et fertilité

La plupart des études ont montré que les hommes et les femmes atteints de MICI en phase quiescente et avant une chirurgie ont une fertilité égale à celle de la population générale. La réduction des taux de natalité observés au sein de la population MICI résulterait plus vraisemblablement d’un choix délibéré de la part des patients que d’une baisse de fertilité liée à la MICI. Dans la MC, selon les études de ­populations [6, 7], on estime le taux d’infertilité féminine à 5-14 % chez les patientes en rémission, ce qui est similaire aux taux observés dans la population générale. En revanche, une maladie active diminue significativement la fertilité, par le biais de l’inflammation qui peut toucher l’appareil ovarien et les annexes, d’éventuelles séquelles chirurgicales (adhérences) au niveau de la région pelvienne, d’une aménorrhée secondaire qu’il n’est pas rare de rencontrer chez les patientes en poussée prolongée, mais aussi de troubles sexuels (dyspareunie, troubles érectiles) fréquents en présence de lésions ano-périnéales. Dans la RCH, une chute significative du taux de fertilité est observée après une colo­proctectomie chez la femme. Une méta-analyse [8] a montré en effet une baisse importante du ratio de fécondité (RF) (capacité à concevoir par cycle menstruel en ayant des rapports sexuels non protégés) après confection d’un réservoir iléal en J et anastomose iléo-anale (AIA), ce ratio passant de 1,01 (égal à la population générale avant chirurgie) à 0,20 (p < 0,001) après chirurgie (Fig. 1). Ces résultats sont confirmés par d’autres études [9] qui montrent un taux d’infertilité passant de 13,3 % à 38,6 % (p < 0,001) après AIA.

Tolérance aux biothérapies

Au cours de la dernière décennie, la prise en charge des patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), dont les deux ­entités principales sont la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémor­ragique (RCH), a été bouleversée par l’avènement des biothérapies. En 2012, nous disposons dans notre pays de deux anticorps monoclonaux ciblant le Tumor Necrosis Factor alpha (TNF-a) : l’infliximab (IFX) et l’adalimumab (ADA). Bien que ces molécules soient récentes, leur prescription s’est rapidement étendue, notamment dans la MC. Ainsi, selon les données du registre aquitain des MICI recueillies en 2008-2009, 34 % des malades atteints de MC avaient déjà reçu au moins un anti-TNF et 10 % de ceux atteints de RCH [1]. à l’inverse, ­plusieurs facteurs paraissent limiter une prescription encore plus large des anti-TNF au cours des MICI : leur prix, la durée du traitement qui demeure inconnue, mais surtout les effets indésirables potentiels qui sont redoutés par les malades et parfois même par leur gastroentérologue. Les anti-TNF ont donc fait l’objet d’une surveillance étroite et nous disposons d’un recul de plus de 10 ans. Il faut enfin rappeler en préambule que la mortalité des MICI avoisine celle de la population générale. Nous verrons successi­vement dans cette revue les mesures à prendre avant de débuter un anti-TNF puis les différents effets indé­sirables potentiels de ces molécules.

Quelles mesures prendre avant de débuter un traitement anti-TNF ?

Outre les examens qui permettront de s’assurer la pertinence de l’indication du traitement par un anti-TNF, certaines mesures doivent être systématiques avant de débuter le traitement (pour la pratique, une checklist avant de débuter un traitement anti-TNF au cours d’une MICI est disponible sur les sites de la SNFGE – http://www.snfge.asso.fr/ – et du GETAID – http://www.getaid.org/) (Figure 1) :

Éliminer une infection aiguë non contrôlée (contre-indication absolue)

Il peut tout d’abord s’agir d’une ­suppuration intra-abdominale ou ­ano-périnéale en rapport avec la MC. Un examen clinique orienté et une imagerie de coupe permettront de lever cette hypothèque.

Apport de la radiologie dans l’indication thérapeutique des MICI (hors lésions anopérinéales)

L’évaluation des lésions intestinales du grêle et du côlon est essentielle dans la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI). Si l’iléocoloscopie reste encore l’examen de référence pour l’éva­luation des lésions luminales de l’iléon terminal et du côlon, il n’en demeure pas moins que des progrès specta­culaires ont été accomplis dans le domaine de l’imagerie en coupe ­comportant l’échographie (ECT), la tomodensitométrie (TDM) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) [1]. Dans la dernière décade, l’amélio­ration de la résolution temporelle et spatiale de la TDM et de l’IRM et ­l’apparition de séquences rapides ­pouvant être réalisées le temps d’une apnée ont permis le développement de ces techniques qui ont pour avantages la visualisation non seulement de la lumière intestinale mais aussi de la paroi et des espaces péridigestifs. Alors que ces techniques ont traditionnellement été utilisées pour la détection des complications des MICI, une place croissante leur est donnée dans la reconnaissance des lésions inflammatoires, la prédiction et ­l’évaluation de la réponse au traitement, voire de l’obtention de la ­cicatrisation intestinale [2].

Les principaux facteurs déterminant la prise en charge thérapeutique des patients atteints de MICI sont le siège des lésions, l’activité de la maladie, la présence de complications et ­l’évolution sous traitement. Pour caractériser ces facteurs, les moyens disponibles sont l’évaluation clinique et biologique, certains tests bio­chimiques comme la calprotectine fécale [3], les explorations endoscopiques et les techniques d’imagerie [1]. L’apport de chacun de ces moyens dans l’aide à la prise en charge ­thérapeutique est récapitulé dans le tableau 1.

Le but de cette mise au point est de préciser l’apport de l’imagerie en coupe dans la prise en charge des patients atteints de MICI dans les formes sévères et/ou compliquées, dans la détection des lésions inflammatoires, des sténoses, abcès et/ou fistules et dans l’évaluation de la réponse thérapeutique. Les lésions anopérinéales associées à la maladie de Crohn ne seront pas traitées.

- : non utile ; + intérêt faible ; ++ : intérêt moyen ; +++ : intérêt majeur ; ? : intérêt en cours d’évaluation.

Tableau 1. Principaux facteurs déterminant la prise en charge thérapeutique des patients atteints de MICI

Place de l’imagerie dans le diagnostic et la gestion des poussées sévères de rectocolite hémorragique (RCH)

Le diagnostic de poussée sévère de RCH repose sur les classiques critères de Truelove et Witts (> 5 émissions glairo-sanglantes par 24 heures et au moins l’un des 4 signes suivants : pouls > 90/mn, fièvre, hémoglobine < 10,5 g/dL, VS ou CRP > 30). En ­présence de ces critères, une hospitalisation en urgence est nécessaire pour confirmer l’existence d’une poussée, diagnostiquer sa sévérité et éliminer une complication. L’endoscopie colique reste l’examen de référence pour l’évaluation de l’activité et de l’étendue des lésions, avec plusieurs avantages, notamment la visualisation directe de la muqueuse, la réalisation de biopsies pour l’étude anatomo­pathologique, la recherche de CMV, la culture bactérienne. Dans les colites graves, une coloscopie courte est ­possible pour éviter les contraintes et risques d’une coloscopie totale. Elle nécessite d’éliminer préalablement une complication, rôle dévolu à l’imagerie.

L’imagerie aide également à évaluer l’extension des lésions si l’endoscopie s’est cantonnée au rectosigmoide.

Actualité du diagnostic des MICI

Le diagnostic de maladie inflam­matoire chronique de l’intestin (MICI) est d’une actualité intemporelle. Aujourd’hui comme hier, le praticien est confronté à des diagnostics incertains ou difficiles. De plus, le trai­tement actuel des MICI tend à s’in­tensifier selon une stratégie dite d’ascension rapide qui nécessite un diagnostic de certitude dès le début de la prise en charge. Cela nécessite d’éliminer les autres causes de maladies de l’intestin. Cette première étape franchie, il faut savoir que 5 ans après sa découverte, le diagnostic de MICI est finalement récusé chez 6,2 %, 5,4 % et 22,5 % des patients initialement considérés comme atteints de rectocolite hémorragique (RCH), maladie de Crohn (MC) et colite inclassée respectivement [1]. Le diagnostic ­initial de MICI intègre donc un petit coefficient d’incertitude. De plus, une diarrhée, des douleurs abdominales, de la fièvre chez un patient atteint de MICI ne sont pas synonymes de poussée de la maladie et peuvent révéler une infection, une complication iatrogène ou néoplasique. Le diagnostic de MICI est donc problématique. Il peut être décliné en trois situations : la poussée inaugurale de MICI colique, de MC iléale ou iléocolique et la ­poussée d’une MICI connue. 

Diagnostics différentiels d’une poussée inaugurale de MICI colique [2,3]

Les principaux diagnostics différentiels d’une poussée inaugurale de MICI colique sont les colites infectieuses (bactériennes, virales, parasitaires), médicamenteuses (aux AINS parti­culièrement), ischémiques, diverti­culaires et systémiques (associées au lupus, à la polyangéite microscopique, au purpura rhumatoïde, à la maladie de Wegener, à la maladie de Behcet, …), les colites limitées au rectum et au sigmoïde doivent être distinguées du syndrome de l’ulcère solitaire du rectum, de l’endométriose et des MST. 

Quelle chimioprévention du cancer colorectal prescrire en 2012 ?

Résumé

La chimioprévention du cancer consiste à utiliser des agents chimiques pour prévenir ou inhiber le développement du processus de carcino­genèse. L’approche privilégiée consiste à évaluer l’effet du composé testé chez des patients ayant eu des adénomes coliques réséqués et à haut risque de récidive et/ou à risque familial très élevé de cancer colique. Parmi les principaux agents bien évalués, ­certains comme l’aspirine et les AINS sont efficaces mais leur intérêt réel reste débattu. Cette mise au point ­présente un état actualisé des résultats disponibles et des conclusions ­pratiques qui peuvent en être tirées.

La chimioprévention du cancer consiste à utiliser des agents chimiques pour prévenir ou inhiber le développement du processus de carcino­genèse. Cette intervention peut être envisagée à tous les stades de la ­carcinogenèse depuis l’apparition des premières anomalies moléculaires dans des cellules encore morpholo­­giquement normales jusqu’au stade de tumeur invasive. La chimioprévention peut aussi être utilisée pour tenter de diminuer l’apparition de récidives tumorales ou de nouvelles tumeurs chez des patients déjà traités pour un cancer. Parmi les très nombreux agents candidats en cours ­d’évaluation, nous ne traiterons ici que de ceux déjà bien évalués chez l’homme.

Chimioprévention : Concepts et méthodes

Les composés administrés au long cours doivent être efficaces tout en présentant une toxicité minime et un coût acceptable pour pouvoir être ­largement utilisés.

Le choix de la population cible est important. Le traitement d’une population à risque standard expose de très nombreux patients aux éventuels effets secondaires du produit pour un bénéfice limité (faible nombre de ­cancers attendus) tout en entraînant un coût important.

Algies pelvi-périnéales anorganiques ou dysfonctionnelles

Quand la douleur pelvienne est devenue chronique (évoluant depuis plus de 6 mois) et que les bilans lésionnels habituels restent désespérément négatifs (imagerie, endoscopie, …), commence alors une démarche diagnostique qui sort du champs habituel des pathologies d’organes (douleur « an-organique ») c’est le domaine des « douleurs fonctionnelles ».

Pourtant le terme de douleur « dysfonctionnelle » apparaît plus adapté en français, traduisant plus exactement le « functionnal pain [1] » anglais car soulignant l’existence de l’altération d’une fonction, mais aussi d’un dysfonctionnement des mécanismes de régulation de la douleur et ne préjugeant pas de la cause ;

Une fois éliminée la pathologie d’organe (vessie, appareil digestif, appareil génital), et donc un facteur nociceptif persistant et expliquant à lui seul la pathologie, comment orienter une enquête qui revient donc essentiellement à la clinique et notamment à l’interrogatoire ?

En pratique, le bilan paraclinique préthérapeutique se résume à la recherche de pathologies organiques potentiellement causales et a le plus souvent déjà été réalisé lorsque se pose la ­question d’une pathologie dysfonctionnelle. Le but de ce bilan est, dans ce cadre, de ne pas passer à côté d’une pathologie organique éventuellement curable.

L’autre danger serait de s’obstiner à vouloir « voir » la douleur ou sa cause ce qui constitue, par définition, une utopie. Cette recherche « jusqu’au boutiste » est parfois non dénuée de risque : risques propres des examens, risques d’interprétation abusives (traitement, …), mais surtout risque de confirmer le patient dans le schéma irréel ici : recherche de cause = découverte de cette dernière = ablation de la cause = retour à un statut ante.

En outre, l’absence de preuves objectives concernant une sensation est Obligatoire et ne doit pas être considérée comme la preuve d’une origine psychiatrique de la sensation.

Infections ano-rectales sexuellement transmissibles

Généralités

Les Infections Sexuellement Transmissible (IST), et leur localisation ano-rectale, sont l’une des préoccupations actuelles majeures de santé publique. Elles sont à la fois responsables de maladies potentiellement mortelles comme l’infection à VIH, l’hépatite virale B ou même la syphilis ou d’atteintes pouvant compromettre la fertilité comme l’infection à Chlamydia trachomatis. Alors que l’on constatait une diminution constante de la majorité des IST de 1986 à 1995, leur nombre a augmenté réguliè­rement depuis 1996, date de l’introduction des thérapies hautement actives contre le VIH (HAART). L’arrivée de ces nouveaux traitements semble avoir coïncidé avec une ­augmentation des pratiques sexuelles à risque, le tout favorisant l’augmentation des cas d’atteintes ano-rectales. On assiste ainsi depuis cette période en France à un retour en force de la syphilis qui avait presque disparu et à une émergence des cas de lympho­granulomatose vénérienne (LGV) à partir d’un foyer épidémique aux Pays-Bas. Les IST ano-rectales ont actuellement un développement variable selon les pays ou, en France, selon les germes. Ces atteintes ano-rectales peuvent se manifester de façon bruyante mais elles sont très souvent parfaitement asympto­matiques, ce qui en rend le diagnostic difficile et favorise leur dissémination. Par ailleurs, certaines de ces atteintes commencent à poser des problèmes thérapeutiques du fait de l’émergence croissante de résistances amenant à des changements dans leur prise en charge. Enfin, elles peuvent favoriser l’infection croisée par le VIH, ce qui est une raison supplémentaire pour les traiter et les prévenir.

Surveillance des IST ano-rectales en France en 2012

La surveillance des IST en France a beaucoup évolué au cours des dernières années. Ainsi, depuis 2000, il n’existe plus en France de maladies sexuellement transmissibles à déclaration obligatoire en dehors de l’infection à VIH et des hépatites virales B aiguës.

Rééducations et troubles fonctionnels anorectaux

Parmi l’éventail thérapeutique des troubles fonctionnels pelviens, la ­rééducation périnéale occupe une place importante, parce qu’elle est logique dans le traitement des troubles de la continence et de l’évacuation sans induire de morbidité. Elle est le plus souvent réalisée en France par des corps professionnels identifiés (kinésithérapeutes, sages-femmes) qui en assurent la promotion. On entend par rééducation tous les procédés physiques qui sont en mesure d’assurer un renforcement des capacités fonctionnelles des muscles striés du plancher pelvien et des sphincters, d’une part et de la sensibilité rectale à la distension, d’autre part. Elle regroupe des pro­cédés aussi divers que les méthodes et conseils comportementaux, les ­exercices musculaires, la stimulation électrique (ou électrostimulation), la rééducation proprioceptive et coordination des muscles du pelvis et la ­sensibilité viscérale à la distension. Trois champs de prise en charge ­thérapeutiques sont aujourd’hui bien identifiés : celui des troubles de la continence, celui des troubles de ­l’évacuation anorectale et le cas particulier de prévention ou de correction des troubles fonctionnels pelviens du post-partum. Ces trois grandes indications sont analysées à la lumière des données validées de la littérature dans une perspective de recommandation pour la pratique clinique.

Rééducation et incontinence

L’incontinence fécale n’est pas une maladie : c’est un symptôme dont l’expression clinique et les mécanismes qui en sont responsables sont très variables. Elle est définie par une perte per anale involontaire d’une ­partie du contenu intestinal (gaz, mucus, selles liquides, selles solides). Ses pertes peuvent survenir dans un contexte d’envie défécatoire non contrôlée (incontinence par impé­riosité) ou de façon insidieuse, la ­personne malade s’en rendant compte après coup (incontinence passive). Contrairement à une opinion très répandue, l’incontinence fécale n’est pas l’apanage des femmes âgées ­multipares.

Trithérapie : mode d’emploi

Deux inhibiteurs de protéases : le télaprévir et le bocéprévir ont été récemment commercialisés en association à l’interféron et la ribavirine (trithérapie) pour le traitement de l’hépatite chronique virale C de génotype 1. Ces deux nouvelles molécules sont spécifiques des souches virales de génotype 1. Les malades infectés par les autres génotypes : 2, 3, 4, 5 et 6 relèvent toujours d’une bithérapie : interféron pégylé + ribavirine. Un polymorphisme génétique situé sur le chromosome 19 et nommé génotype de l’IL28B a été récemment associé à la réponse au traitement de l’hépatite chronique [1]. Des recommandations sur la prise en charge des malades atteints d’hépatite chronique C de génotype 1, prenant en compte les facteurs de réponse au traitement, ont été émises puis actualisées en 2011 par l’Association Française pour l’Étude du Foie (AFEF) [2]. 

L’analyse des facteurs de réponse à la bithérapie standard a permis de définir un sous groupe de malades de génotype 1 pour lesquels une bithérapie pourrait être suffisante

Le premier facteur qui influence la réponse durable au traitement est le génotype viral [3,4,5]. Grâce à une bithérapie standard utilisant l’interféron pégylé alpha 2a ou 2b et la ribavirine, le taux de guérison des malades de génotype 1 est de 40 à 50 %, celui des malades de génotype 2 et 3 de 70 à 80 % [3,4,5]. Chez les malades de génotype 1, les facteurs prédictifs de bonne réponse sont bien identifiés. Il s’agit essentiellement de l’âge (moins de 40 ans), du niveau de charge virale (< 600 000 UI/ml), du degré de fibrose (F0, F1) et de l’absence d’insulino-résistance [6]. Un polymorphisme génétique situé sur le chromosome 19, en amont du gène codant l’IL28B, a été récemment associé à la guérison spontanée ou thérapeutique de l’hépatite C [1]. Chez les malades de génotype 1 et 4, le génotype de l’IL28B est apparu comme un facteur prédictif de réponse virologique soutenue (RVS) définie par un ARN du VHC indétectable 6 mois après la fin du traitement [7].

Diagnostic des nodules sur cirrhose. Quelle est la place de la biopsie ?

Le carcinome hépatocellulaire (CHC), la plus fréquente des tumeurs malignes primitives du foie, survient dans la quasi-totalité des cas chez un patient atteint de maladie chronique du foie, le plus souvent au stade de cirrhose. Le risque annuel de survenue d’un CHC chez un patient atteint de cirrhose est situé entre 2 et 6 %. De ce fait, une surveillance échographique semestrielle est recommandée chez ces patients, dans le but de détecter le CHC lorsqu’il est encore accessible à un traitement curatif (radiofréquence percutanée, résection ou transplantation) [1, 2].

Du fait des progrès considérables de l’échographie (et des échographistes), cette surveillance identifie des nodules de plus en plus petits, jusqu’à 5 mm de diamètre. Cependant, à la différence des nodules de diamètre supérieur à 20 mm, qui correspondent le plus souvent à un CHC et pour lesquels le diagnostic est généralement aisé [3], la caractérisation précise des nodules de diamètre inférieur à 20 mm est difficile, et même quasi impossible pour les nodules de moins de 10 mm de diamètre. Beaucoup de ces nodules de petite taille correspondent à des lésions non cancéreuses, pour lesquelles il n’y a pas lieu de mettre en œuvre un traitement. Les nodules de diamètre inférieur à 20 mm sont aujourd’hui largement majoritaires dans les protocoles de surveillance, ce qui génère donc des difficultés diag­nostiques croissantes. Dans une étude randomisée récente [4], un nodule au moins était découvert à l’échographie chez 28 % des 1 278 patients cirrhotiques suivis en moyenne pendant 4 ans (incidence annuelle proche de 8 %) : environ 80 % de ces nodules mesuraient moins de 20 mm de diamètre.

Historiquement, comme pour tout cancer, le diagnostic de CHC a reposé sur l’obtention d’une preuve histo­logique. Cependant, à la différence des autres cancers, le diagnostic de CHC peut aujourd’hui être fait sans recourir à l’histologie, ce diagnostic probabiliste reposant essentiellement sur l’imagerie avec injection de produit de contraste (TDM, IRM) [1, 2, 5].

Prise en charge de l’hépatite alcoolique sévère

L’hépatite alcoolique aiguë (HAA) définie histologiquement par l’association d’une nécrose des hépatocytes, d’une infiltration hépatique à poly­nucléaires neutrophiles et de corps de Mallory, est souvent associée à un syndrome inflammatoire [1]. Le diagnostic de certitude repose encore sur l’analyse histologique car chez des patients hospitalisés pour une suspicion d’HAA sévère (Maddrey ≥ 32), l’HAA n’était confirmée que dans 70 % des cas. 

Chez les buveurs excessifs, la progression la plus rapide vers la cirrhose est observée chez ceux ayant une hépatite alcoolique ce qui explique, en partie, le risque plus important de mortalité décrit dans ce sous-groupe [1]. 

La première étape de la prise en charge des patients ayant une hépatite alcoolique aiguë est l’obtention d’une absti­nence. 

Principes de prise en charge des formes sévères

Évaluation de la sévérité de l’hépatite alcoolique

Le développement de l’indice de Maddrey [2] a constitué un progrès majeur dans la prise en charge thérapeutique des malades atteints d’hépatite alcoolique car cet indice (indice de  Maddrey ≥ 32), conçu au moyen de variables biologiques, identifie les formes sévères associées à un risque élevé de décès à court terme [3]. L’indice de Maddrey est calculé en utilisant le taux de bilirubine et le temps de Quick selon la formule suivante : score de Maddrey = 4,6 × (temps de Quick du malade en secondes – 12,5) + ((bilirubine en µmol)/17). En l’absence de traitement par corticoïdes ou pentoxifylline, 40-50 % des malades atteints d’hépatite alcoolique sévère avec un score de Maddrey ≥ 32 décèdent dans les deux mois suivant l’hospitalisation. 

Première poussée d’ascite dans la cirrhose

L’ascite, accumulation de liquide dans le péritoine (à l’exception du sang et du pus) est une complication spectaculaire et fréquemment révélatrice de la cirrhose. La moitié des malades atteints de cirrhose compensée développe une ascite dans les 10 premières années d’évolution [1]. Elle marque un tournant évolutif sévère dans l’histoire naturelle de la cirrhose, la survie se réduisant à 50-85 % et 30-56 % ­respectivement 1 et 5 ans après son apparition et à 32 % à 1 an lorsque l’ascite est « réfractaire » [1,2]. Elle nécessite un traitement en raison de la gêne fonctionnelle qu’elle entraîne, plus que par son risque de compli­cations propres, faible en dehors de l’infection. Cependant, le traitement symptomatique de l’ascite comporte des risques, y compris vitaux, ce qui est difficilement acceptable pour une complication rarement mortelle per se.

Le traitement de l’ascite était un des sujets de la conférence de consensus consacrée aux complications de ­l’hypertension portale, qui s’est tenue à Paris les 4 et 5 décembre 2003 [3] Les premières recommandations publiées avaient été écrites par l’AASLD [4] ; les plus récentes ont été publiées en 2010 par un groupe ­d’experts de l’EASL [5].

Cet article envisagera la prise en charge et le traitement d’une première poussée d’ascite dans la cirrhose ; l’ascite réfractaire et le syndrome hépatorénal n’y seront pas traités (voir [5] pour des recommandations récentes sur ce sujet).

Diagnostic de l’ascite

La matité déclive caractéristique de l’ascite n’apparaît que pour un ­épanchement péritonéal d’au moins 1,5 litre, mais l’échographie permet de détecter sa présence dès 100 mL [1], et peut être utile pour diriger la ponction lorsque l’ascite est peu abondante ou que l’anatomie du malade n’est pas favorable. L’EASL suggère de classer l’ascite en 3 grades (Tableau 1) et ses recommandations thérapeutiques sont basées sur l’abondance de celle-ci ­plutôt que sur son histoire naturelle (première poussée vs récidives).

Nouveau thésaurus des Tumeurs Endocrines Pancréatiques

Le domaine des tumeurs endocrines a connu ces derniers mois des avancées importantes portant à la fois sur les classifications histologiques et sur les possibilités thérapeutiques. Ces nouvelles données ont conduit à une révision du thésaurus national de ­cancérologie digestive. Il faut d’emblée insister sur la structuration de la prise en charge des patients atteints de tumeurs endocrines avec mise en place de deux réseaux nationaux agréés par l’INCa : le réseau TENpath et le réseau RENATEN. 

Le réseau TENpath est un réseau ­anatomo-pathologique dont l’objectif est la relecture systématique de tous les cas diagnostiqués. Les tumeurs endocrines sont ainsi le quatrième exemple national de relecture systématique de « tumeurs rares », rejoignant les sarcomes, lymphomes et mésothéliomes.

Le réseau RENATEN est un réseau de prise en charge clinique avec identi­fication de RCP de recours sur ­l’ensemble du territoire national : tout dossier doit être discuté devant un panel d’experts de la pathologie garantissant ainsi aux patients une prise en charge adaptée, l’accès ­éventuel aux techniques ou thérapies innovantes et à la recherche clinique.

Nous allons passer en revue les nouveautés de ce thésaurus 2011.

Anatomo-pathologie

On rappelle la relecture systématique de tous les cas dans le réseau TENpath.

Classifications OMS

La classification OMS 2000 modifiée en 2004 pour les TE du pancréas est désormais remplacée par la nouvelle classification OMS 2010 [1], totalement différente dans la terminologie et la finalité. La classification 2000 modifiée 2004 était une classification histo-pronostique et considérait 3 groupes de tumeurs endocrines pancréatiques.

Surveillance des tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du pancréas : qui et comment ?

Les tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du pancréas (TIPMP) sont désormais bien connues. Leur histoire naturelle est décrite pour les 5 premières années qui suivent leur découverte, un peu moins bien pour les 5 années suivantes et pas du tout au-delà [1,4].

Si les facteurs de risque d’une évo­lution vers une forme maligne ­commencent à être déterminés, il reste encore beaucoup de questions sans réponse concernant les modalités de la surveillance, sa fréquence et si ces deux derniers paramètres doivent évoluer avec le temps.

Au risque de frustrer le lecteur avide de FMC et d’idées claires et pragmatiques, nous laisserons ouvertes toutes les questions qui n’ont pas de réponse scientifique même si nous expliciterons dans chaque cas la manière dont nous procédons.

Bref rappel

Les TIPMP sont dues à la prolifération de l’épithélium canalaire. Cet épit­hé­lium sécrète un liquide mucineux en plus ou moins grande quantité qui va être responsable de la kystisation des canaux secondaires et de la dilatation du canal pancréatique principal. Il existe plusieurs formes histologiques (gastrique, intestinale, pancréato-biliaire, oncocytique) [5] de pronostic différent. Il est cependant difficile de porter le diagnostic de sous-classe ­histologique en dehors de l’examen d’une pièce chirurgicale.

Les TIPMP peuvent toucher uniquement les canaux secondaires ou le canal principal ou les deux. Elles peuvent être uniques, multiples, continues ou discontinues. Elles sont plus souvent localisées dans la tête, voire dans le crochet. Dans 10 % des cas environ, elles peuvent être calcifiées et rendre très difficile le diagnostic différentiel avec une pancréatite ­chronique.

Conduite à tenir diagnostique devant une tumeur kystique du pancréas

Les lésions pancréatiques kystiques sont découvertes de plus en plus fréquemment sur un mode fortuit en raison d’une part de l’amélioration des performances de l’imagerie pancréatique (échographie, scanner multi­barette, IRM) et de l’amélioration des connaissances sur les caractéristiques de ces lésions. Globalement la prévalence dans la population générale a été estimée à 1 % [1,2]. Une série japonaise a identifié une tumeur kystique potentiellement maligne toutes les 5 000 échographies [1]. D’autres séries récentes ont montré une prévalence en IRM de 2,4 % et au scanner de 14 % [3,4]. Les tumeurs kystiques pancréatiques sont découvertes de façon fortuite dans plus de 10 % des cas de même que les TIPMP (tumeur intrapancréatique mucineuse et papillaire) [5]. La fréquence des TIPMP au sein des tumeurs kystiques pancréatiques est désormais proche de la moitié des cas [2,6]. Les tumeurs kystiques malignes sont plus souvent symptomatiques et donc la probabilité de bénignité pour une tumeur kystique de découverte fortuite est importante [5,7]. La fréquence de découverte fortuite de ces tumeurs kystiques augmente en France et aux USA avec un taux de 8,8 % dans les années 80 et de 11,9 % dans les années 90 [7].

Diagnostic positif et de malignité potentielle

L’approche diagnostique doit d’abord confirmer le diagnostic positif de tumeur kystique, évaluer le caractère malin ou potentiellement malin de ces lésions, et enfin définir le diagnostic histologique probable quand cela est possible. Le clinicien dispose de trois examens complémentaires clefs, en plus de l’échographie : le scanner ­multidétecteur, la pancréato-IRM et l’échoendoscopie avec ou sans ­ponction (cytologie, marqueurs).

[Atelier] Lésions villeuses du bas rectum : traitements par voie trans-anale

L’éxérèse trans-anale est le traitement de choix des lésions villeuses bénignes ou Tis et peut parfois être une alternative à la proctectomie pour des tumeurs T1. Le risque de métastase ganglionnaire dans le mésorectum qui n’est que de 3?% pour une tumeur T1Sm1, est de 8?% pour un T1Sm2 et de 23?% pour un T1Sm3 ou un petit T2 [1] ce qui explique que dans la ­littérature, les résultats oncologiques (taux de récidive locale et survie globale) soient moins bons après exérèse trans-anale qu’après proctectomie pour des tumeurs T1 mais à peu près identiques pour les tumeurs T1Sm1 [2].

Une exérèse trans-anale peut donc être envisagée en cas de tumeur ­villeuse sessile du moyen ou du bas rectum, de moins de 3 cm, Tis ou usT1N0. Plusieurs techniques endoscopiques ou chirurgicales sont disponibles pour réaliser cette résection. Après exérèse une surveillance sera proposée en cas de tumeur < ou = à Sm1 bien différenciée, sans emboles lymphatiques ou vasculaires et dont l’exérèse est complète avec des marges latérales d’au moins 1 mm. Dans les autres cas il faudra discuter une proctectomie complémentaire en fonction du terrain [3].

Bilan pré-thérapeutique

Le choix du traitement va dépendre de la taille et de la localisation de la lésion ainsi que du but de l’exérèse qui peut être diagnostique (faire la part entre une tumeur villeuse bénigne ou transformée), ou thérapeutique (alternative à une proctectomie pour une villeuse transformée usT1 N0).

Le bilan pré-thérapeutique comprendra un TR, une coloscopie complète avec biopsies multiples qui vérifiera également l’absence d’autre lésion sur le cadre colique et une échoendoscopie. L’échoendoscopie a une sensibilité de 97?% et une spécificité de 96?% pour le diagnostic des lésions T0 [4] mais surestime l’invasion de la sous muqueuse pour différencier une invasion Sm1 vs Sm2 notament pour les villeuses de plus de 2 cm. L’écho-endoscopie avec une sonde de 10 MHz permet de différencier les tumeurs muqueuses ou T1Sm1 d’une part et T2 Sm2-3 ou T2 d’autre part dans plus de 85?% des cas [5]. Un TDM abdomino-pelvien est souhaitable en cas de tumeur non accessible à un traitement endoscopique.

Techniques opératoires

Mucosectomie endoscopique (ME)

La ME consiste a injecter à l’aide d’une aiguille une solution saline éventuellement mélangée à un colorant dans la sous-muqueuse au-dessous de la lésion, puis, après surélévation, à réséquer la tumeur à l’aide d’une anse diathermique. Cette résection peut se faire en monobloc pour les tumeurs de moins de 2 cm mais une résection fragmentaire est nécessaire pour les lésions plus larges.

Dissection sous-muqueuse endoscopique et mucosectomie (DSM)

La DSM débute par un marquage du pourtour de la lésion avec des points d’électrocoagulation puis une injection sous-muqueuse d’une solution saline (sérum physiologique ou hyaluronate de sodium) préalablement mélangée à de l’indigo carmin avec ou sans adrénaline diluée. Une incision circonférentielle est réalisée à l’aide d’un bistouri électrique spécialisé puis la dissection de la sous-muqueuse est effectuée.

[Atelier] Information du patient avant une endoscopie

La jurisprudence actuelle

La responsabilité médicale évolue.

Pour les actes avant le 5 septembre 2001, nous étions sous la dépendance du contrat de soins de l’arrêt Mercier depuis le 20 mai 1836 avec l’obligation de soins « attentifs, consciencieux et conformes aux données acquises de la science ». Il s’agissait d’une obli­gation de moyens dont le délai de prescription est trentenaire.La cour de cassation a fait évoluer le droit par la jurisprudence, voici ce qui nous concerne.

Tout d’abord, à propos de la perforation du colon au cours d’une coloscopie, le 25 février 1997 (arrêt Hedreul-Cousin), la cour de cassation a inversé la charge de la preuve de l’information donnée au patient. Jusqu’alors, le patient devait prouver qu’il n’avait pas été informé des complications de l’examen, ce qui était très difficile. Désormais, par tout moyen, le médecin doit prouver qu’il a loyalement informé le patient des risques de l’examen qu’ils soient fréquents ou pas, graves ou pas.

Le 18 septembre 2008 (Cass Civ I 07-12170), la perforation colique qui était reconnue comme un aléa thérapeutique en dehors d’une faute manifeste de l’opérateur, est devenue une faute de maladresse car « la coloscopie est un acte à visée exploratoire dont la réalisation n’impliquait pas une atteinte aux parois des organes examinés […] la perforation du colon est la conséquence d’un geste maladroit du médecin… ».

Depuis, selon les cas, la perforation du colon est reconnue soit comme une faute de maladresse soit comme un aléa thérapeutique. Par exemple, le 28 octobre 2010 (Cass Civ I 09-16187) une patiente qui a présenté une ­perforation colique au cours d’une coloscopie avait des diverticules du colon ce qui représente un facteur de risque connu de difficulté technique et de dangerosité de l’examen.

Les éléments de difficulté technique comme des antécédents de laparotomie, de chirurgie pelvienne, de diverticules du colon doivent être pris en considération et cités par le médecin lors de la consultation avant l’endo­scopie.

Enfin, un nouveau courant émerge à la Cour de Cassation à propos du défaut d’information. Auparavant, il était reconnu comme une faute humaniste, avec une atteinte au code de déontologie médicale. La réparation du défaut d’information était indemnisée par les tribunaux civils comme une perte de chance d’échapper au risque, comprise dans le préjudice ­corporel. Le défaut d’information n’était pas indemnisé à 100 % (sauf dans des cas de contamination transfusionnelle). Depuis le 3 juin 2010 (Cass Civ I 09-13591), la Cour de Cassation a reconnu le défaut d’information comme responsable d’un ­préjudice autonome. Elle a rendu son arrêt au visa de l’article 1382 du code civil qui dispose que « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui qui l’a commis à le réparer ». Cet article est le fondement de la responsabilité civile générale dite responsabilité délictuelle.

[Atelier] Optimiser le traitement de l’hépatite B

Identification des patients à traiter ou à ne pas traiter

Chez les patients antigène (ag) HBs+, le bilan initial doit comporter?:

  • la recherche de l’agHBe et de l’anticorps (ac) anti-HBe?;
  • la mesure de la charge virale du VHB (ADN-VHB) avec une technique de PCR en temps réel avec des seuils de détectabilité à 10-15 UI/mL?;
  • un bilan hépatique comportant ALAT, ASAT, GGT, phosphatases alcalines, bilirubine totale, albumine, taux de prothrombine (ou INR), AFP et une NFS?;
  • une échographie abdominale?;
  • une recherche de co-infection par le VHC, le VIH et le VHD et la recherche de comorbidités?;
  • une biopsie hépatique en cas d’augmentation des transaminases.

L’indication du traitement reposera sur l’analyse répétée de la charge virale VHB, des transaminases et sur l’activité et la fibrose histologique. Les méthodes non invasives d’évaluation de la fibrose ne sont pas entièrement validées dans l’hépatite chronique B, cependant elles pourraient avoir une place notamment pour confirmer le portage inactif, l’état d’immunotolérance ou la cirrhose.

Les patients qui ne doivent pas être traités sont?:

les porteurs inactifs caractérisés par?: un agHBe négatif, des ALAT normales et une charge virale indétectable ou < 2 000 UI/mL sur plusieurs dosages, une échographie hépatique normale et éventuellement une évaluation non invasive confirmant l’absence de fibrose?;

les immunotolérants caractérisés par?: un agHBe+, des ALAT normales sur plusieurs dosages et une charge virale très élevées, le plus souvent > 107 UI/mL, une échographie hépatique normale et éventuellement une évaluation non invasive confirmant l’absence de fibrose?;

les patients avec une hépatite minime caractérisés par?: une élévation des ALAT < 2N et/ou une charge virale > 2 000 UI/mL et des lésions histologiques minimes avec un score d’activité < A2 et de fibrose < F2.

Dans tous les cas, les patients doivent être suivis régulièrement pendant toute leur vie. Ce suivi se fera 4 fois par an la première année et au moins 2 fois par an les années suivantes.

[Atelier] Prise en charge de l’hyperferritinémie

Connaître les principales causes d’hyperferritinémie non hémochromatosique

Quatre situations rendent compte de l’anomalie dans la majorité des cas?: syndrome métabolique (pris au sens large du terme), consommation excessive d’alcool, syndrome inflammatoire et cytolyse, notamment hépatique. L’enquête étiologique initiale d’une hyperferritinémie peut donc se limiter à un interrogatoire visant à apprécier la consommation d’alcool, au recueil des données cliniques, notamment biométriques (poids, taille, indice de masse corporelle, tour de taille et tension artérielle), et à quelques examens biologiques simples (NFS, CRP, glycémie, cholestérol et ses fractions, triglycérides, ASAT et ALAT). Beaucoup plus rarement il s’agit d’une hyper­ferritinémie génétique (hyperferritinémie héréditaire avec ou sans cataracte) ou acquise dans le cadre d’une hyperthyroïdie, d’une maladie de Gaucher, d’une pathologie tumorale…

Connaître la classification des hémochromatoses génétiques et les tests à demander

La démarche diagnostique s’articule autour de la valeur – vérifiée – de la saturation de la transferrine. Si la saturation est augmentée, le diagnostic d’hémochromatose est possible et la réalisation d’un génotypage HFE (recherche de la mutation C282Y) apparaît souhaitable hors du contexte d’une cirrhose évoluée et une fois écarté un état de myélopoïèse inefficace, ces deux conditions étant susceptibles de réaliser un tableau pseudo-hémochromatosique. Seule la mise en évidence d’une homozygotie C282Y signe le diagnostic d’hémochromatose HFE. Tout autre génotype HFE doit conduire à s’interroger, surtout si l’hyperferritinémie est élevée (> 1 000), sur une possible hémochromatose non HFE par mutation du gène du récepteur 2 de la transferrine (RTf2), de l’hémojuvéline (HJV), de l’hepcidine (HAMP) voire de la ferroportine (FRP – type B). Dans ces conditions qui sont exceptionnelles, le plus simple est de se tourner vers un centre de référence/compétence qui sera à même de guider au mieux la démarche diagnostique (http://www.centre-­reference-fer-rennes.fr).

Savoir dans quelles circonstances proposer une IRM et/ou une biopsie hépatique

En cas d’hémochromatose génétique. L’IRM permet de quantifier la surcharge et, chez le sujet âgé de plus de 50 ans et fortement surchargé, de rechercher, avant traitement, des nodules dépourvus de fer de valeur (pré)néoplasique. La biopsie hépatique n’a d’intérêt que pronostique pour évaluer le retentissement fibreux. Elle est indiquée lorsque la ferritinémie est > 1 000 et/ou les ASAT sont augmentées et/ou il existe une hépatomégalie.

En l’absence d’hémochromatose (saturation est normale ou, a fortiori basse). La question est de savoir si l’hyper­ferritinémie témoigne d’une surcharge en fer ou non. La réalisation d’une IRM permet de trancher cette question et, en fonction de la localisation de la surcharge (foie, rate, pancréas, …), d’en guider l’enquête étiologique. L’absence de surcharge oriente vers une possible hyperferritinémie génétique (avec ou sans cataracte). La présence d’une surcharge importante (c’est-à-dire supérieure à 150 µmol/g) suggère une pathologie de type maladie de la ferroportine (FRP) ou a(hypo)céruloplasminémie. Le plus souvent, en fait, la charge hépatique en fer est modérément augmentée et le diagnostic s’oriente alors essentiellement vers une hépatosidérose dysmétabolique. Dans ces situations, la biopsie hépatique permet d’évaluer le retentissement fibreux et d’éventuelles lésions associées (stéato-hépatite, notamment) mais ses indications précises sont encore mal codifiées.

[Atelier] Lésions anopérineales de la maladie de Crohn : diagnostic

Les lésions anopérinéales sont d’importants signes d’appel et du diagnostic de la maladie de Crohn[1]. Si les données phénotypiques de la maladie de Crohn luminale sont aujourd’hui bien documentées, celles de la maladie anale restent insuffisamment décrites. Les raisons sont certainement nombreuses qui sont liées à l’absence d’évocation des plaintes jugées honteuses par les malades, à une méconnaissance régulière de la sémiologie élémentaire proctologique par de nombreux praticiens, à la diffusion confidentielle des classifications ­anatomiques et cliniques des lésions anales et à des protocoles d’imagerie peu développés. Pour ces raisons, l’épidémiologie des lésions anales reste fragmentaire et incomplète. Les essais thérapeutiques spécifiquement dédiés à la prise en charge thérapeutique des lésions anopérinéales sont peu nombreux. Ainsi, il est apparu judicieux de développer les données élémentaires utiles à décrire et à caractériser les lésions anales.

Connaître les lésions anales élémentaires de la maladie de Crohn et leur histoire naturelle

La maladie de Crohn s’exprime, au niveau anopérinéal, par trois types de lésions : les fissurations ou ulcérations, les suppurations et les sténoses. Ces trois lésions cardinales constituent la base de la classification anatomique descriptive utilisée en pratique courante (classification UFS ou classi­fication de Cardiff)[2]. D’autres ­manifestations indirectes (œdèmes, marisques) ou plus rares (pyodermagangrenosum, syndrome de Sweet) sont également décrites. Les ulcérations sont habituellement multiples, reposent sur un tissu inflammatoire, ont des berges décollées et œdémateuses isolées ou associées à des marisques. Elles peuvent se développer dans le canal anal mais elles intéressent souvent sa portion sus pectinéale et ont une extension à la fois en hauteur et en profondeur en regard du sphincter anal interne. Elles ont parfois une diffusion périnéale, interfessière scrotale ou vulvaire[3]. Les suppurations peuvent se manifester par des abcès sous tension et/ou des fistules productives ; les trajets sont souvent multiples, complexes dans leur distribution (fistules doubles, trajet en fer à cheval) et dans leur extension (intramurale ou dans l’espace pelvirectal supérieur). Les sténoses peuvent être courtes comme des diaphragmes fibreux mais elles peuvent être longues et inflammatoires. Elles touchent le plus habituellement le bas rectum et la partie haute du canal anal. Les ulcérations sont isolées dans moins d’un tiers des cas et les sténoses moins d’une fois sur dix : des phénomènes suppuratifs sont donc fréquents et doivent faire l’objet d’une recherche et d’une identification attentive. Les suppurations anales concernent environ un malade sur cinq et les lésions non suppuratives près d’un malade sur trois après dix ans d’évolution d’une maladie luminale initialement isolée. Les ulcérations témoignent plus habituellement d’une maladie de Crohn active non contrôlée avec une bonne corrélation avec les indices d’activité de la maladie luminale[1]. En revanche, l’expression phénotypique des lésions anopérinéales et celle de la maladie luminale sont mal corrélées ; finalement, l’atteinte rectale est fréquente chez les malades ayant des lésions anales. Les lésions anales représentent des facteurs de moins bon pronostic chez les malades ayant une maladie de Crohn : le risque de voir la maladie se compliquer au cours du suivi est multiplié par deux par rapport aux malades n’ayant pas de lésion anale. La chirurgie proctologique représente plus de la moitié des indications chirurgicales pour traitement de la maladie de Crohn.

[Atelier] Utilisation des anticorps anti-TNF-a dans la prise en charge des patients atteints de Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales (MICI)

Connaître les indications du traitement anti-TNF dans les MICI

Il existe deux anti-TNF ayant une autorisation d’utilisation dans la maladie de Crohn (MC) et la recto-colite hémorragique (RCH) : l’infliximab (IFX) et l’adalimumab (ADA). Ces deux molécules peuvent être utilisées pour le traitement de la MC et seul l’IFX a pour l’instant obtenu une autorisation d’utilisation pour le traitement de la RCH. Un troisième anticorps, le certolizumab, n’a pas obtenu d’autorisation européenne d’utilisation au cours de la MC alors qu’il fait partie des traitements utilisables aux états-Unis.

Maladie de Crohn

Les indications AMM [4]

Les anti-TNF ne sont pas reconnus comme des traitements de première intention dans la MC et sont réservés aux formes luminales actives modérées à sévères n’ayant pas répondu à un traitement approprié bien conduit par corticoïdes et/ou immunosuppresseurs ou chez lesquels ce traitement est contre-indiqué ou mal toléré. La définition d’une forme modérée à sévère repose sur son évaluation ­clinique basée dans les essais thérapeutiques sur un CDAI compris entre 220 et 450 et ne prend pas en compte l’extension en longueur de la maladie, ni la gravité des lésions endoscopiques visibles. Néanmoins, avant l’instauration du traitement, pour affirmer ­l’activité inflammatoire, une confrontation de la clinique, de la biologie et de l’endoscopie est nécessaire.

En pratique clinique, les anti-TNF sont utilisables chez les patients cortico-dépendants, cortico-résistants, en cas de récidives précoces ou répétées à l’arrêt des corticoïdes ou en cas d’échec des immunosuppresseurs classiques. L’ADA et l’IFX  semblent avoir la même efficacité dans cette indication et le choix entre ces deux molécules doit faire l’objet d’une discussion avec les patients. La mise en route d’un anti-TNF est envisagée en induction et d’emblée en entretien. Le changement d’un anti-TNF pour un autre en l’absence de perte d’efficacité ou d’intolérance est une stratégie à éviter, compte tenu des résultats décevants et du risque de perte d’efficacité définitive pour la première molécule [1].

Les anti-TNF peuvent être utilisés seuls ou en association à un immunosuppresseur classique. Les résultats des essais thérapeutiques récents plaident pour une utilisation combinée des traitements pour une durée qui n’est pas encore connue [2].

L’IFX, contrairement à l’ADA, a obtenu deux indications supplémentaires dans la MC. Il est indiqué pour le ­traitement des formes fistulisantes, chez les patients n’ayant pas répondu à un traitement conventionnel ­comprenant antibiotiques, drainage et immunosuppresseurs. Les formes ­fistulisantes sont principalement de localisation périnéale mais n’excluent pas les autres localisations de fistules, en particulier entéro-cutanées. Dans cette indication, le bilan préalable morphologique devra éliminer la ­présence d’un abcès non ou mal drainé à risque d’évolution sévère après le début du traitement. Il n’existe pas de restriction quant à leur utilisation en monothérapie ou associée à un immunosuppresseur. Par analogie avec la maladie luminale, il se pourrait qu’une bi-thérapie soit plus efficace.

Exploration d’une anémie ferriprive d’origine digestive en 2012

L’anémie est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme une concentration d’hémoglobine inférieure à 13 g/dl chez l’homme et 

12 g/dl chez la femme. L’anémie ­ferriprive est l’une des causes les plus fréquentes d’anémie chronique qui affecterait environ 15 à 30 % de la population mondiale [1,2]. Elle résulte soit d’une perte excessive de fer, soit moins fréquemment d’un déficit ­d’absorption de ce dernier. Les causes d’anémie ferriprive sont multiples : alimentaires, gynécologiques et ­digestives.

Savoir définir une anémie ferriprive orientant vers une affection digestive

Une anémie ferriprive est caractérisée par une microcytose et une baisse de la ferritinémie. La baisse de la ferri­tinémie à moins de 15 µg/l est quasi-pathognomique d’une carence martiale, alors qu’une valeur > 100 µg/l l’exclut en principe [1]. La ferritine peut en revanche être normale ou faussement augmentée en cas de ­syndrome inflammatoire associé, ­d’infection, de néoplasie ou d’insuf­fisance rénale chronique [1]. Pour cela, le seuil de 100 µg/l dans certaines situations particulières permet de ­garder un bon équilibre entre sensi­bilité et spécificité. D’un autre côté, la microcytose, définie par un Volume Globulaire Moyen < 80 fl, peut être absente en cas de déficit associé en vitamine B12 ou en folates. L’analyse des caractéristiques des autres lignées sanguines, leucocytes et plaquettes, est également importante car elle peut orienter vers une cause centrale ou conforter l’hypothèse d’un saignement. Le dosage sérique du fer est inutile dans la grande majorité des cas, car moins informatif que la ferriti­némie en situation d’inflammation (MICI, cancer), d’insuffisance rénale chronique ou quand le résultat de la ferritine sérique n’est pas contributif (valeur normale ou élevée alors que la suspicion de carence en fer est forte) : le fer sérique associé à la transferrine (permettant le calcul du coefficient de saturation de la transferrine) peut aider au diagnostic [3].

Comment gérer les sténoses bénignes de l’œsophage chez l’adulte

Introduction

Les sténoses œsophagiennes bénignes sont définies par un rétrécissement de la lumière œsophagienne non lié directement à une pathologie néoplasique. Elles sont fréquemment rencontrées au cours de la pratique endoscopique. Elles sont souvent responsables d’une réduction de la qualité de vie des patients, avec dysphagie, dénutrition et parfois troubles respiratoires liés à l’inhalation du contenu œsophagien. Les sténoses d’origine peptique sont les plus courantes, représentant 60 à 70 % des cas. Les autres causes, listées dans le Tableau 1, peuvent être liées à des anomalies anatomiques, des lésions caustiques, radiques ou iatrogènes. En fonction de leur morphologie, les sténoses peuvent être considérées comme simples (courtes, focales, rectilignes) ou complexes (longues de plus de 2 cm, irrégulières, anguleuses). Les résultats du traitement endoscopique sont meilleurs pour les sténoses simples. Dans un contexte de bénignité, les traitements endoscopiques n’ont pas d’efficacité durable sur les sténoses extrinsèques.

À de rares exceptions diagnostiques près (exploration d’une sténose d’origine indéterminée ou d’une pathologie œso-gastro-duodénale sous-jacente) seules les sténoses symptomatiques nécessitent un traitement. Celui-ci repose sur la dilatation. La première description de traitement mécanique d’une sténose œsophagienne remonte au 17e siècle. Actuellement, la dilatation est réalisée sous contrôle endo­scopique et éventuellement radiologique soit par bougie, soit par ballonnet hydrostatique. L’opacification radiologique préalable n’est pas indispensable mais peut être utile en cas de sténose non franchissable ou ­complexe.

Habituellement, une à trois séances de dilatation sont nécessaires à l’obtention d’un résultat fonctionnel durable. Il n’existe pas de définition unanime de la sténose réfractaire. Néanmoins, on peut considérer comme telle une sténose symptomatique récidivant après 5 séances de dilatation endoscopique [1,2]. Dans cette situation, différentes techniques endoscopiques peuvent être proposées (endoprothèse, injection locale de corticostéroïdes, incision). Elles n’ont pas fait l’objet d’études comparatives et leur choix repose sur l’expérience locale de l’équipe d’endoscopie et sur l’aspect morphologique de la sténose. L’utilisation d’endoprothèses biodégradables est en cours d’évaluation.

Helicobacter pylori : actualités thérapeutiques en 2012

La prise en charge de l’infection Helicobacter pylori a évolué ces dernières années. Les indications de la recherche et du traitement de l’infection ont été précisées. La place des différentes méthodes directes ou indirectes de la recherche de l’infection Helicobacter est maintenant bien ­définie. Enfin, les recommandations de traitements sont en pleine évolution du fait de la nécessaire adaptation à l’émergence de résistances de plus en plus fréquentes aux antibiotiques de base des trithérapies classiques. Les recommandations françaises issues des conférences de consensus de 1995 et 1999 ne sont plus adaptées [1, 2]. Les recommandations européennes revues en 2005 [3], ont été amendées à nouveau à la suite de la réunion « Maastricht4 » de novembre 2010. De nouvelles recommandations écrites européennes et françaises sont en cours d’écriture au moment où cet article est rédigé.

Indication actuelle de la recherche et du traitement de l’infection Helicobacter pylori

Les indications de la recherche du traitement de l’infection Helicobacter pylori font l’objet d’un consensus international qui a été repris dans différentes conférences d’experts, soit occidentaux [3, 4], soit asiatiques [5] (tableau 1).

L’ulcère gastrique et duodénal est une indication formelle de recherche et de traitement de l’infection à Helicobacter pylori. En effet, l’éradication de ­l’infection permet d’une part la cicatrisation des lésions et d’autre part prévient la récidive efficacement. En cas d’ulcère duodénal, un simple traitement éradicateur de l’infection est suffisant pour la prise en charge de la maladie. En cas d’ulcère gastrique, il est nécessaire de poursuivre un traitement par IPP trois semaines supplémentaires.

Le lymphome gastrique du MALT est une indication formelle de recherche et de traitement de l’infection à Helicobacter pylori.

Difficultés d’extraction par voie endoscopique des calculs de la voie biliaire principale non opérée

La lithiase vésiculaire s’accompagne de lithiase de la voie biliaire principale (VBP) chez 7 à 12 % des patients. Son traitement a fait l’objet de recommandations de pratiques professionnelles [1]. Il doit être endoscopique lorsque les patients sont déjà cholécystectomisés, et chirurgical lorsque l’abord cœlioscopique est possible. En effet, en cas de calculs cholédociens chez des patients indiqués pour une cholécystectomie, les résultats de la chirurgie sont équivalents ou meilleurs que le traitement endoscopique en termes de morbidité, alors que le traitement endoscopique est associé à un plus grand nombre de procédures pour obtenir la clairance de la VBP. L’extraction chirurgicale des calculs cholédociens est alors réalisée soit par voie trans-cystique, soit par cholédocotomie. Cependant, la chirurgie peut se révéler moins performante lorsqu’il s’agit de gros calculs ou de calculs multiples. Stromberg et al. ont en effet montré que la taille des calculs (> à 6 mm) et leur nombre (> à 3) étaient significativement associés à un échec de la clairance de la voie biliaire par voie laparoscopique dans 20 % des cas [2]. 

Critères d’échec du traitement endoscopique de la lithiase cholédocienne

Le traitement conventionnel de la lithiase de la VBP consiste en une sphinctérotomie endoscopique (SE) suivie d’une extraction du ou des calculs au ballon et/ou à l’anse de Dormia, permettant de libérer la voie biliaire principale dans 85 à 95 % en une seule session [3]. 

Plusieurs facteurs de risques d’échec d’extraction d’un calcul de la voie biliaire principale sont connus [4]. Le facteur probablement le plus important est la taille du calcul supérieur à 15 mm ou lorsque le diamètre du bas de la VBP inférieur à celui du calcul (rétrécissement habituel du trajet intra-pancréatique ou véritable sténose).

Apport des nouvelles techniques endoscopiques dans l’exploration des sténoses de la VBP

Les sténoses de la voie biliaire principale (VBP) peuvent être de multiples origines (inflammatoire, tumorale, ischémique, traumatique, …). Pour les sténoses siégeant dans le segment cholédocien intra ou rétropancréatique (sténoses distales) c’est l’adénocarcinome du pancréas qui doit être suspecté en premier lieu. La tumeur est presque constamment visualisée en tomodensitométrie ou en écho­endoscopie. La ponction sous échoendoscopie fait le diagnostic, le bilan d’extension pose peu de problème et les techniques d’explorations endoluminales ayant peu d’intérêt, ce sujet ne sera plus abordé.

Les sténoses biliaires suprapancréatiques (sténoses médianes et proximales) posent en revanche de ­nombreux problèmes à la fois de ­diagnostic de nature et de staging en cas de néoplasme. Le principal ­diagnostic à éliminer est celui de ­cholangiocarcinome. Ces tumeurs malignes ont un pronostic qui reste très péjoratif, comparable à celui des adénocarcinomes pancréatiques. La chirurgie est le seul traitement susceptible d’être curatif mais elle est ­rarement possible du fait des problèmes de résécabilité. Les extensions vasculaires (veine porte, artères ­hépatiques) et l’extension en hauteur dans les voies biliaires vont être déterminantes. La chirurgie est lourde pouvant nécessiter en plus de la résection biliaire une duodénopancréatectomie céphalique ou une hépatectomie ­partielle en fonction de la hauteur des lésions. Le taux de mortalité périopératoire est élevé, entre 5 et 10 %, même dans les centres chirurgicaux experts. Il faut également noter que 10 % des patients opérés sans certitude histologique s’avèrent présenter des sténoses bénignes qui auraient pu bénéficier d’une prise en charge endoscopique. Quand la chirurgie est exclue, un traitement palliatif par chimiothérapie est maintenant proposé selon les mêmes modalités que pour l’adénocarcinome pancréatique. Des traitements endoluminaux de destruction tumorale peuvent également être associés (radiofréquence, thérapie photodynamique…). Ces traitements « palliatifs » ne sont cependant pas non plus sans risques et une certitude diagnostique est toujours souhaitable. Si les nouvelles techniques d’exploration de la voie biliaire peuvent améliorer le diagnostic de ces sténoses, leur intérêt doit être évalué au cas par cas en tenant compte des limitations induites par la pose d’une prothèse préalable et du coût de ces procédures. L’ensemble du processus diagnostique doit donc être adapté à chaque patient en intégrant l’urgence relative représentée par un ictère obstructif.

Les examens de référence

L’échographie

C’est habituellement la première exploration indispensable et elle se situe dans la foulée de l’examen ­clinique. Si elle est très sensible pour juger de la dilatation et donc confirmer ­l’obstruction biliaire, elle est en revanche peu efficace pour déterminer la nature de la sténose en dehors des cas où elle peut visualiser une masse.

Séquelles fonctionnelles de la chirurgie des cancers de la jonction œso-gastrique

Pendant des dizaines d'années, l'indication principale de la chirurgie gastrique a été le traitement de la maladie ulcéreuse gastro-duodénale et de ses complications. Avec l'avènement des anti-sécrétoires gastriques puissants, anti H2 puis inhibiteurs de la pompe à protons, et la démonstration du rôle de l’Helicobacter Pylori dans la physiopathologie de la maladie ulcéreuse gastro-duodénale, les indications de la chirurgie gastrique, vagotomie et gastrectomie partielle, dans le traitement de la maladie ulcéreuse gastro-duodénale ont complètement disparu. L’étude des complications fonctionnelles de la chirurgie œso-gastrique concerne actuellement deux situations totalement différentes, la chirurgie carcinologique, d’une part, et la chirurgie bariatrique, d’autre part. Dans cette mise au point, ne seront pas abordées les complications fonctionnelles de la chirurgie bariatrique qui pose des problèmes très particuliers du fait du terrain sur lequel elle est réalisée et de l’association d’un by-pass intestinal dans la majorité des cas.

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour étudier les complications fonctionnelles de la chirurgie du cancer de la jonction œso-gastrique (JOG). Premièrement, la stratégie thérapeutique des cancers de la jonction œso-gastrique repose de plus en plus sur une approche combinée, associant à la chirurgie, soit une chimiothérapie péri-opératoire, soit plus rarement une radio-chimiothérapie concomitante, voire une chimiothérapie postopératoire [1]. Il existe une interaction ­complexe entre les complications de la chirurgie et les effets secondaires du traitement adjuvant et néo-adjuvant. En effet, les effets secondaires de la (radio)-chimiothérapie aggravent la sévérité et le retentissement des complications fonctionnelles de la chirurgie de résection ; inversement, les complications fonctionnelles de la chirurgie, plus fréquentes et plus sévères en post-opératoire immédiat, altèrent l’état général des malades et rendent difficile voire impossible la réalisation du programme thérapeutique complet initialement prévu. Dans les grandes études randomisées démontrant l’intérêt d’une chimiothérapie péri-opératoire dans le traitement du cancer gastrique, moins de 50 % des malades du bras radiothérapie ont pu recevoir l’ensemble des cures initialement prévues [2, 3]. L’interprétation des études sur les complications fonctionnelles de la chirurgie des cancers de la JOG est par ailleurs rendue difficile par les conséquences des récidives tumorales qui peuvent entraîner l’apparition de différents symptômes à type de dysphagie, de dyspepsie, d’anorexie et de perte de poids, indépendamment de toute complication liée au montage chirurgical lui-même. Le mauvais pronostic global des cancers de la JOG explique qu’il existe peu d’études dans la littérature faisant état d’un recul de plus de 3 à 5 ans.

Adénocarcinomes du bas-œsophage et du cardia. Traitement médical préopératoire : pour qui et lequel ?

Cette mise au point portera essentiellement sur la place des traitements pré- et péri-opératoires des adénocarcinomes localisés, considérés comme résécables à visée curative, du bas œsophage et de la jonction œso-­gastrique (JOG). Ne seront donc pas abordés : la place des traitements locaux (endoscopie, photothérapie dynamique, radiofréquence) des cancers superficiels ou des lésions pré-néoplasiques, la place de la chimiothérapie première en cas de tumeur localement évoluée non résécable d'emblée ni la place des traitements adjuvants par chimiothérapie ou association radio-chimiothérapie. On indiquera pour mémoire que, alors que les résultats des nombreux essais n'étaient pas concluants, une méta-analyse réalisée à partir des données individuelles de plus de 3 700 patients suggère un bénéfice de survie de 7 % à 5 ans (58 vs 51 %, p < 0,001) en faveur d'une chimiothérapie adjuvante après résection d'une tumeur gastrique [1]. On rappellera également que l'essai américain INT-116 avait montré une amélioration de la survie globale après radio-chimiothérapie postopératoire, par rapport à une chirurgie seule, chez des patients opérés d'une tumeur gastrique ou de la JOG (20 % des cas) [2]. Les résultats de cet essai avaient été critiqués en raison de la qualité discutable de l'exérèse chirurgicale et du curage ganglionnaire (curage D0 dans plus de la moitié des cas) et de la toxicité associée au schéma de radio-chimiothérapie postopératoire.

Pour les adénocarcinomes de la JOG (AJOG), la classification topographique de Siewert est la référence [3], même si son intérêt réel est discuté [4].

Pourquoi proposer un traitement préopératoire ?

Le stade tumoral selon la classification TNM est le principal facteur pronostique de survie après résection.

Adénocarcinome du bas œsophage (et du cardia) – Nutrition en attendant le traitement

Dans nos pays occidentaux, on constate une augmentation de l’incidence du cancer de l’œsophage et en particulier de l’adénocarcinome de l’œsophage, celle du cancer épidermoïde étant stable voire en régression. Comme pour la plupart des cancers et notamment des cancers digestifs, ­l’incidence de l’adénocarcinome de l’œsophage augmente avec l’âge, l’âge moyen au diagnostic étant de 65-70 ans [1]. Cette première évidence a des conséquences sur le plan ­nutritionnel. En effet, la majorité des patients correspond à des sujets âgés tels que définis par la Haute Autorité de Santé (HAS) (c’est-à-dire un âge supérieur à 70 ans), population plus particulièrement à risque de dénu­trition et pour laquelle des critères diagnostiques et de prise en charge de la dénutrition ont été spécifiquement définis récemment. Un autre facteur à prendre en compte est le fait que l’obésité est un facteur de risque reconnu de l’adénocarcinome œsophagien [1], or cette obésité est ­souvent à l’origine d’un retard au ­diagnostic de la dénutrition.

Globalement, le pronostic de ces patients reste mauvais. Ce pronostic est meilleur pour les patients diagnostiqués au stade précoce et ceux pouvant recevoir un traitement complet. En oncologie, la dénutrition est maintenant largement reconnue comme un facteur pronostique indépendant. Ainsi, son dépistage et son traitement précoces sont des éléments essentiels de la prise en charge globale du patient atteint de cancer. Nous verrons ­comment évaluer l’état nutritionnel du patient atteint de cancer à l’aide de mesures simples et comment faire le diagnostic d’une dénutrition. Une action étant d’autant mieux appliquée que l’acteur comprend pourquoi il doit la mener, sont également abordés dans ce texte la prévalence et les causes de la dénutrition en oncologie mais ­surtout ses conséquences sur la ­morbidité au cours des traitements.

Bilan de résécabilité des adénocarcinomes du bas œsophage et du cardia

Le cancer de l’œsophage est en fréquence le 3e cancer digestif et atteint chaque année 5 000 personnes en France. Son pronostic reste très ­péjoratif avec une survie globale à 5 ans qui stagne à environ 10 % [1]. L’évolution épidémiologique s’est faite ces dernières décennies vers une nette augmentation de l’incidence des adénocarcinomes qui représentent désormais dans notre pays près d’un quart des cancers de l’œsophage [2, 3]. D’un point de vue clinique, ces adénocarcinomes se distinguent des carcinomes épidermoïdes d’abord par le profil des patients soignés, puis par leur situation anatomique et une survie discrètement plus favorable des stades précoces.

L’évaluation pré-thérapeutique est d’une importance cruciale car le pronostic et les options thérapeutiques dépendent étroitement de l’extension initiale de la maladie.

Définition

La classification de Siewert [4, 5] ­rassemble sous la dénomination ­commune d’adénocarcinomes de la jonction œsogastrique, les adénocarcinomes du bas œsophage et du cardia. Cette classification anatomique définit 3 types en fonction de la ­distance entre le centre de la tumeur et la ligne Z : le type I (entre -5 cm et -1 cm) concerne les adénocarcinomes du bas œsophage généralement développés sur une muqueuse de Barrett, le type II (entre -1 cm et +2 cm) les adénocarcinomes « vrais » du cardia, et le type III (entre +2 cm et +5 cm) les tumeurs sous cardiales à considérer comme des adénocarcinomes gastriques. Cette classification reste perfectible mais a l’avantage d’uniformiser les définitions anatomiques et la prise en charge des patients.

Épidémiologie des adénocarcinomes de l’œsophage – Évolution et classification

Il existe une grande disparité d’incidence du cancer de l’œsophage à travers le monde [1]. L’épidémiologie du cancer de l’œsophage a considérablement évoluée au cours des 30 dernières années. Le carcinome épidermoïde reste le type histologique prédominant dans le monde entier, mais dans de nombreux pays occidentaux l’incidence de l’adénocarcinome de l’œsophage a augmenté plus rapidement que celle des autres cancers digestifs. Dans certains pays, il est devenu le type histologique majoritaire. Ailleurs, l’incidence a très peu changé. Certaines études ont mélangé à tort des adénocarcinomes de l’œsophage, du cardia, et de l’estomac proximal [2-4], dont les caractéristiques épidémiologiques et les facteurs de risque sont différents [5].

Définition d’un adénocarcinome du bas œsophage

L’adénocarcinome du bas œsophage correspond à une tumeur maligne développée aux dépens d’un épithélium glandulaire dans l’œsophage correspondant très généralement à un endobrachyœsophage. Cette lésion est définie comme le type I de la classification de Siewert [6], c’est-à-dire que la distance entre le centre de la tumeur et la ligne Z est comprise entre 5 et 1 cm (Annexe 1).

Incidence de l’adénocarcinome du bas œsophage en France

En France, l’adénocarcinome de l’œsophage est une maladie rare, qui ne représente que 1 % de l’ensemble des cancers digestifs contre 5 % en Angleterre [7,8]. Il représente environ un quart de l’ensemble des cancers de l’œsophage diagnostiqués chez les hommes et les deux tiers des cas diagnostiqués chez les femmes. Les taux d’incidences calculés sur la base du registre bourguignon des cancers digestifs sur la période 1976-2001 étaient de 3.3/100 000 et de 0.3/100 000 chez les hommes et chez les femmes respectivement, soit un sexe ratio de 10.

La prise en charge des tumeurs neuroendocrines du fundus gastrique

La prise en charge des carcinomes neuroendocrines peu différenciés ­gastriques (G3 de la classification OMS 2010) ne différant pas de celle des autres tumeurs de même type et d’autres localisations (www.tncd.org), ce texte se limitera aux tumeurs neuroendocrines bien différenciées du fundus gastrique. Ces tumeurs sont toutes des EC-Lomes (tumeurs à ­cellules EC-L – enterochromaffin-like). Nous limiterons ce texte aux tumeurs de type 1 et de type 3. Les très rares tumeurs de type 2 surviennent dans le contexte très particulier du syndrome de Zollinger-Ellison (SZE) associé à la néoplasie endocrine multiple de type 1 (NEM1). La prise en charge de ces tumeurs ne peut s’intégrer que dans celle plus large des malades atteints de NEM1 qui relève de centres experts. De plus, les EC-Lomes fundiques de type 2 sont toujours diagnostiqués alors que le SZE et la NEM1 sont déjà connus. Les tumeurs de type 2 ne posent donc pas de problème diagnostique en pratique. Les lecteurs peuvent se référer à une revue récente [1]. Enfin, il existe d’exceptionnelles tumeurs neuroendocrines bien différenciées de l’antre, notamment des gastrinomes ou des tumeurs survenant dans un contexte de NEM1 ; elles ne seront pas discutées ici.

En pratique, la problématique diagnostique face à une ou des tumeurs neuroendocrines bien différenciées du fundus se résume à la distinction entre celles qui surviennent dans un contexte de gastrite atrophique fundique (type 1) de celles qui sont dites sporadiques (type 3) qui surviennent en l’absence de contexte particulier [1,2]. Les premières sont le plus souvent bénignes et les secondes le plus souvent malignes. Dans plus de la moitié des cas, les tumeurs de type 3 sont métastatiques au diagnostic (tableau 1) [1]. Cette étape diagnostique est donc essentielle ; d’elle va dépendre la prise en charge ultérieure.

Étape essentielle : distinguer les EC-Lomes de type 1 des EC-Lomes de type 3

Les éléments sur lesquels la distinction entre ces 2 types tumoraux est basée sont la symptomatologie, les caractéristiques des tumeurs et de la muqueuse fundique non tumorale et la biologie.

Atteinte gastrique au cours des polyposes digestives

Les polyposes digestives sont des maladies rares, souvent héréditaires, polymorphes sur le plan clinique, ­histologique et génétique [1]. Elles prédisposent pour la plupart à l’apparition d’un adénocarcinome colorectal et seraient impliquées dans la ­survenue d’au moins 1 % des adénocarcinomes coliques [1].

On peut distinguer (Tableau 1) :

  • les polyposes digestives adénomateuses : polypose adénomateuse familiale liée à une mutation du gène APC dans ses formes classique et atténuée (transmission autosomique dominante) et polypose associée à une mutation bi-allélique du gène MUTYH (transmission auto­somique récessive),
  • les polyposes digestives hamartomateuses : polypose juvénile ; polypose de Peutz-Jeghers ; maladie de Cowden ; syndrome de Bannayan-Ryley-Ruvalcaba et syndrome de Cronkhite-Canada. Toutes ces affections sont à transmission auto­somique dominante.

Les polyposes hyperplasiques et festonnées correspondent à des entités rares, de présentation soit sporadique soit familiale, dont le déterminisme génétique n’est pas connu. Elles ne comportent classiquement pas ­d’atteinte gastrique de telle sorte qu’il n’en sera pas question.

Les atteintes gastriques sont ­fréquentes dans les polyposes digestives et parfois associées à un risque de développer un cancer gastrique [1]. Le but de cet article était d’effectuer une mise au point des lésions gastriques observées au cours des polyposes digestives, de préciser leur fréquence, leurs manifestations cliniques, leurs aspects histologiques, ainsi que la surveillance et les traitements qu’elles requièrent. Le syndrome de Lynch (anciennement appelé syndrome HNPCC – Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer), quant à lui, correspond à la plus ­fréquente des formes héréditaires des cancers colorectaux et est associé à une augmentation modérée du risque de cancer gastrique. Le risque absolu est néanmoins faible, évalué aux alentours de 1 %. Il ne sera pas question de ce syndrome dans cette revue dans la mesure où il n’existe pas, par ­définition, de polypose colorectale.

Les tumeurs neuroendocrines gastriques

Les tumeurs neuroendocrines gastriques ont longtemps été considérées comme rares. L’augmentation du nombre des examens endoscopiques et les progrès effectués dans la connaissance et la détection de ces lésions ont montré que leur incidence réelle est beaucoup plus élevée qu’elle n’était estimée auparavant. Selon les données épidémiologiques les plus récentes [1], les tumeurs neuroendocrines gastriques représentent environ 25 % de toutes les tumeurs neuro­endocrines digestives ; elles ne représentent cependant qu’environ 10 % des tumeurs malignes.

Les tumeurs neuroendocrines gastriques forment un groupe hétérogène, très largement dominé par les tumeurs dérivées des cellules dites enterochromaffin-like (ECL), c’est-à-dire les ­cellules endocrines spécialisées dans la sécrétion de l’histamine et localisées au sein de la muqueuse fundique, à la partie profonde des glandes [2,3]. La très grande majorité des tumeurs à cellules ECL surviennent dans un contexte d’hypergastrinémie. Il s’agit le plus souvent d’une hypergastrinémie secondaire à l’achlorhydrie induite par une gastrite chronique atrophique touchant la muqueuse fundique (notamment dans le cadre d’une ­maladie de Biermer). Beaucoup plus exceptionnellement, il s’agit d’une hypergastrinémie primaire, due à la sécrétion inappropriée de gastrine par un gastrinome, duodénal ou pancréatique, dans le cadre d’un syndrome de Zollinger-Ellison. Rarement, les tumeurs ECL peuvent être sporadiques : elles sont alors similaires aux rares tumeurs neuroendocrines gastriques à cellules non-ECL.

Selon leur contexte de survenue, les tumeurs ECL sont classées en trois types (2-4) : (a) le type I, le plus fréquent, qui représente 70 à 80 % des cas, correspond aux tumeurs développées dans un contexte d’hypergastrinémie secondaire ; (b) le type II, qui représente environ 5 % des cas, correspond aux tumeurs associées à une hypergastrinémie primaire ; (c) le type III, qui représente environ 15 à 20 % des cas, correspond aux tumeurs sporadiques.

[Atelier] Douleurs abdominales difficiles

La douleur abdominale est un motif fréquent de consultation en gastro­entérologie. Dans la majorité des cas, l’interrogatoire, l’examen clinique, les bilans biologiques courants et les techniques d’imagerie (endoscopie, échographie, scanner) permettent de poser un diagnostic chez des patients consultant pour une douleur abdominale aiguë ou chronique. Parfois, aucun diagnostic ne peut être posé. Très schématiquement, plusieurs situations peuvent se rencontrer. Dans toutes ces situations, il est primordial de faire un examen clinique complet, y compris neurologique.

Douleurs abdominales aiguës sans fièvre

Douleurs d’origine métabolique

Certains désordres métaboliques peuvent se révéler par des douleurs abdominales aiguës isolées, d’autant plus que l’anomalie est d’installation rapide. Ces causes doivent être connues car pouvant mettre en jeu le pronostic vital immédiat, en l’absence de mesure corrective. Il faut réaliser systématiquement un ionogramme sanguin, un dosage de la calcémie avec mesure du calcium corrigé [Cac = Ca-0,025 (Albuminémie g/L-40)] et une glycémie.

Les principales anomalies biologiques pouvant être responsables de douleurs abdominales sont :

  • une hypokaliémie ou une hyper­calcémie, dans ce cas le risque de troubles du rythme est au premier plan, un ECG est indispensable ;
  • une acidocétose diabétique souvent révélatrice d’un diabète ;
  • une hyponatrémie isolée n’est pas responsable de douleur abdominale, elle est fréquente au cours des crises de porphyrie aiguë intermittente. Une hyponatrémie associée à une hypokaliémie et une acidose doivent faire évoquer une insuffisance surrénale aiguë. Cette étiologie est rare, sauf chez les patients recevant des corticoïdes et ayant fait un sevrage trop rapide ou associé à un stress.

Une hyponatrémie par sécrétion inappropriée d’ADH est fréquente au cours des crises de porphyrie aiguë intermittente (PAI) [1]. Il s’agit d’une cause classique, mais rare, de douleur abdominale aiguë liée à une mutation de la PBG désaminase, enzyme clé dans la synthèse de l’hème. La PAI est une maladie monogénique dominante, la prévalence du gène muté est de 1/1 000, donc assez fréquente, mais sa pénétrance est beaucoup plus faible. On estime que 75 000 patients sont symptomatiques en Europe, l’incidence des nouveaux cas est de 0,13 par million d’habitants en France. La crise se manifeste par des douleurs abdominales intenses associées à des manifestations neurologiques (paresthésie, faiblesse musculaire, paralysie) ou psychiatriques. Elle survient plus souvent chez la femme jeune en période d’activité génitale favorisée par un épisode infectieux ou une prise médicamenteuse. Le diagnostic est fait par la classique coloration des urines rouge porto après exposition prolongée à la lumière (méthode assez rare d’arriver au diagnostic au 21e siècle depuis l’utilisation des sanitaires) et plus scientifiquement par le dosage dans les urines, au moment de la crise, de l’acide delta aminolévulinique (ALA) et du porphobilinogène (PBG) qui sont très élevées (> 50 N). Le traitement repose sur des antalgiques (aspirine, morphinique), une hydratation au sérum glucosé voire le Normosang (après avis auprès du centre français des porphyries, Hôpital Louis-Mourier, 92700 Colombes).

Prise en charge des lésions polypoïdes gastriques par les endoscopistes

Les polypes gastriques sont de nature hétérogène, mais la plupart (> 90 %) sont découverts de façon fortuite et relèvent de l’endoscopiste. Leur fréquence lors d’une réalisation d’une endoscopie est estimée de 2 à 6 % selon les études des pays occidentaux [1,3]. La majorité de polypes (> ~85 %) est de nature bénigne. Le risque de malignité ou d’évolution maligne des polypes gastriques est étroitement dépendant de leur nature et celui-ci est dominé par les adénomes. Plusieurs classifications ont été proposées [4] et pour les simplifier, certains auteurs ont proposé la distinction entre les polypes bénins et néoplasiques. Toutefois, cela n’est pas parfait car parmi des polypes classés comme bénins, certains peuvent avoir une évolution maligne (par exemple les polypes hyperplasiques). Dans cet exposé, on distinguera les polypes d’origine épithéliale et non-épithéliale qui est une classification plus adaptée (Tableau 1) [5].

La fréquence des polypes rapportée dans la littérature semble avoir nettement varié sur les 15 dernières années (Tableau 2) avec en particulier l’augmentation de ­proportion des polypes glandulo-­kystiques fundiques. Cette augmen­tation peut s’expliquer par un certain nombre de facteurs : 

  1. les polypes hyperplasiques et adénomateux ont une fréquence plus élevée dans les populations ayant une forte incidence d’infection par Helicobacter pylori mais cette incidence a été nettement influencée par les programmes d’éradication de cette infection dans certains pays ;
  2. la forte consommation des inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) joue probablement un rôle dans l’augmentation de nombre de polypes glandulo-kystiques [3] ;
  3. les études anciennes rapportent des résultats étalés sur plusieurs années, rendant difficile l’information sur l’incidence réelle ;
  4. les améliorations des techniques endoscopiques, à la fois sur la qualité des images ainsi que des techniques de résection, jouent un rôle dans cette explication des différences observées au fil du temps. 

Les différents types histologiques de polypes gastriques (en dehors des tumeurs endocrines)

Un polype gastrique est une lésion en relief faisant saillie dans la lumière de l’estomac. Cette définition macro­scopique et endoscopique très simple recouvre un spectre très large de lésions, épithéliales ou non épithéliales, néoplasiques ou non néoplasiques [1,2]. Ces lésions surviennent dans des contextes variés, et surtout elles ont un potentiel évolutif très différent de l’une à l’autre, ce qui entraîne une prise en charge adaptée à leur nature histologique. La majorité de ces polypes sont asymptomatiques, et ils sont donc découverts fortuitement lors d’une endoscopie digestive haute. Les polypes les plus volumineux peuvent être responsables d’hémorragie digestive, d’anémie, de douleurs abdominales, ou rarement d’obstruction digestive. Bien que certains polypes aient un aspect endoscopique assez caractéristique, la présence d’une dysplasie, seul marqueur indiscutable d’un risque de transformation maligne, ne peut être établie que par l’histologie. Ceci implique donc en théorie que tous les polypes gastriques doivent être documentés histologiquement. La présence de certains polypes gastriques peut en outre orienter vers une maladie génétique, à risque éventuel de cancer digestif et/ou extradigestif.

Les trois types de polypes gastriques les plus fréquents sont les polypes ­fundiques glandulo-kystiques (PFGK), les polypes hyperplasiques, et les ­adénomes. Seuls ces derniers sont associés à un risque important d’adénocarcinome, le risque étant faible pour les polypes hyperplasiques, et pratiquement absent pour les PFGK. En conséquence, le diagnostic d’adénome doit entraîner l’inclusion du patient dans un programme de surveillance endoscopique, alors que le suivi est moins rigoureux en cas de polype hyperplasique, de PFGK, ou de polype inflammatoire.

La cholécystite aiguë lithiasique, diagnostic, critères de gravité, traitement. Quand et comment chercher une lithiase de la voie biliaire principale ? Comment traiter une lithiase de la voie biliaire principale, associée ou non à une lithiase vésiculaire ?

La cholécystite aiguë lithiasique est une inflammation de la paroi vésiculaire plus ou moins associée à une infection du son contenu ; compte tenu de la fréquence de la pathologie lithiasique, on considère que 15 % de la population générale présente une lithiase, celle-ci représente 90% des causes des cholécystites aiguës. Les précédentes recommandations concernant cette pathologie et la prise en charge de la lithiase de la voie biliaire principale (LVBP) remontaient à 1991, ainsi, il paraissait nécessaire d’actualiser les connaissances sur ces problèmes médicaux fréquents. Pour ce faire, sous l’égide d’un comité d’organisation composé de nombreuses sociétés savantes, un groupe de travail s’est constitué, le fruit de leurs travaux a été revu par un groupe de lecture et nous proposons ici des extraits des recommandations actualisées (listes des groupes jointes en annexe).

Comment faire le diagnostic de cholécystite aiguë lithiasique ?

Le diagnostic de la cholécystite aiguë lithiasique repose sur 3 types de signes : cliniques, biologiques et radiologiques.

Les signes cliniques

Le principal signe clinique est la douleur biliaire qui se caractérise par une douleur d’apparition brutale de l’hypochondre droit ou de l’épigastre (dans près 50 % des cas), avec une irradiation qui peut être en hémiceinture droite ou en bretelle. Cette douleur apparaît souvent en postprandiale ou de façon nocturne, elle est persistante plusieurs heures et est souvent associée à des nausées et des vomissements. L’examen clinique retrouve une douleur qui bloque l’inspiration profonde (signe de Murphy), et une défense localisée dans l’hypochondre droit. Cette douleur peut être absente chez les personnes âgées.

Ce tableau peut s’accompagner de signes généraux d’inflammation et d’infection avec une fièvre qui peut être associée à des signes de choc septique et de défaillance multiviscérale.

Traitement médical de l’ulcère gastroduodénal hémorragique (UGDH) : ce qui est prouvé

Les recommandations de la conférence de consensus internationale sur la prise en charge de l’hémorragie digestive ont récemment été actualisées.

Ces recommandations ont insisté sur l’importance de la réanimation, l’évaluation du risque vital, la prise en charge préendoscopique, le traitement endoscopique, le traitement pharmacologique et la prophylaxie secondaire.

L’hémorragie digestive haute représente un problème de santé publique important tant sur le plan clinique qu’économique, avec une incidence qui varie de 48 à 160 cas pour 100 000 adultes par année. Les données historiques suggèrent que la mortalité varie de 10 à 14 %, le taux de mortalité étant plus élevé chez les patients déjà hospitalisés et ce n’est que très récemment que des données ont suggéré une probable diminution de cette mortalité, bien que cette diminution soit encore très controversée.

Ce texte reprend les grandes lignes d’une conférence de consensus ayant réuni 34 experts en provenance de 15 pays du monde entier qui se sont rencontrés à la fin de l’année 2008 afin de définir des recommandations permettant aux cliniciens de prendre des décisions appropriées pour la prise en charge des patients se présentant avec une hémorragie digestive haute.

Les résultats de cette conférence de consensus publiée en 2010 sont venus compléter la conférence publiée en 2003.

Prise en charge initiale du patient, évaluation et maintien des constantes vitales

Lors de la prise en charge du patient, après une évaluation du statut hémodynamique une réanimation initiale appropriée doit être mise en place avant toute procédure diagnostique. La réanimation initiale inclut la normalisation et la stabilisation de la pression artérielle et la restauration d’une volémie intravasculaire efficace. Les patients avec un taux d’hémoglobine < 7 g/dl doivent recevoir des transfusions avec une cible d’hémoglobine comprise entre 7 et 9 g/dl, s’il n’y a pas de pathologies coronariennes ou d’hypoperfusion tissulaire associée.

La diarrhée médicamenteuse

La diarrhée est un effet secondaire fréquent des médicaments décrits pour quelque 700 molécules [1]. Qu’il y ait ou non des lésions organiques sous-jacentes, c’est une erreur médicale que de laisser évoluer une diarrhée médicamenteuse qui n’a dans la majorité des cas aucune chance de régresser spontanément, passant ainsi automatiquement du statut de diarrhée médicamenteuse aiguë (évoluant depuis moins de deux semaines) à celui de diarrhée médicamenteuse prolongée (deux à quatre semaines) puis chronique (plus de quatre semaines). Nous verrons comment en pratique clinique établir l’imputabilité de la diarrhée aux médicaments en partant du délai entre l’introduction des médicaments et l’apparition de la diarrhée. Les AINS feront l’objet d’un paragraphe récapitulatif. Seront exclues du champ de la discussion les diarrhées et colites des antibiotiques, récemment abordées [2], et les diarrhées sous chimiothérapie anticancéreuse, dont le lien potentiel avec le traitement est évident.

L’inventaire médicamenteux initial

C’est l’étape initiale essentielle du diagnostic consistant à répertorier tous les médicaments pris par le patient au moment de la consultation et dans les trois mois précédents. Les adultes jeunes omettent souvent les prises occasionnelles (AINS, IPP) qu’il faut systématiquement rechercher par des questions fermées. Un travail d’investigation spécifique (interrogatoire de l’entourage, inventaire des ordonnances) est souvent nécessaire chez les malades âgés, du fait de l’altération des fonctions supérieures et/ou de la multiplicité des prescripteurs. La responsabilité de tous les médicaments doit être considérée individuellement avant de décider d’éventuels tests de retrait, assortis si nécessaire de prescription de molécules de substitution (cf. infra).

La jonction oesogastrique à l’heure des nouvelles technologies (ou à l’heure d’une définition simple…)

L’augmentation de la fréquence des cancers du cardia et le problème croissant de la prise en charge de l’endobrachyoesophage, appelé oesophage de Barrett dans la littérature anglo-saxonne (EBO) a remis en question la définition endoscopique de la jonction oesogastrique normale (1,2). Un EBO est observé dans 6 à 12 % des cas chez des patients présentant un reflux gastroesophagien (3,4) avec risque de 0,5 % par an (5). D’un autre côté, la fréquence des adénocarcinomes oesophagiens a littéralement explosé puisqu’elle a été multipliée par 3 au cours des 30 dernières années (2). Le problème de la définition normale de la jonction oesogastrique (JOG) est donc clairement posé afin de ne pas méconnaître des courts segments d’EBO (CSEBO) susceptibles de dégénérer ultérieurement. Le diagnostic précis de la JOG normale requiert des repères anatomiques normaux précis. Il existe des discordances entre la littérature asiatique et les experts occidentaux, les premiers définissant la JOG comme la terminaison des vaisseaux dits « palissadiques » de la terminaison de l’oesophage, les seconds comme la fin des plis longitudinaux gastriques (6,7). La polémique n’est pas réglée, les différences entre observateurs et peut-être anatomiques, semant le trouble. Le trouble est encore aggravé par la différence de définition entre JOG et jonction de la muqueuse épidermoïde (Squamous cell junction SCJ), trivialement nommée ligne Z chez nous. L’amélioration de la technologie des endoscopes (coloration virtuelle) ou des techniques (chromoendoscopiques) pourrait contribuer à clarifier le débat (8-11).

Définition de la jonction oesogastrique (JOG)

La définition de la JOG est donc partagée entre l’Occident et l’Asie par l’opposition entre terminaison basse des vaisseaux palissadiques (VP) et la terminaison haute des plis gastriques.

La terminaison des plis gastriques longitudinaux est le repère communément admis en Occident. Il faut suivre les plis gastriques fundiques en remontant de l’estomac vers l’oesophage.

Cirrhose et transplantation : quand faut-il y penser ?

La cirrhose est définie par une atteinte hépatique diffuse, caractérisée par une fibrose et la transformation de l’architecture normale du foie en nodules de régénération. Elle est le témoin d’un processus pathogène dont les causes établies sont nombreuses, alcool, virus B, C, maladies auto-immune ou métabolique au premier rang. La prévalence de la cirrhose n’est pas exactement connue. Sur certaines séries, une cirrhose peut être découverte dans 30 à 40 % des cas lors de l’autopsie. On estime la prévalence de la cirrhose alcoolique en France d’environ 3 000 cas par million d’habitants.

Le pronostic des patients cirrhotiques est variable en fonction de la cause et de son contrôle, de la présence de complications appelées décompensations. Alors que l’évolution était fatale en quelques mois pour les patients ayant une cirrhose décompensée, l’avènement de la transplantation hépatique (TH) a radicalement modifié le pronostic. Depuis 1963, date de la première TH à Denver, la technique chirurgicale et la prise en charge globale du patient transplanté, en particulier les traitements immunosuppresseurs, se sont considérablement améliorés. La survie à 5 ans est de l’ordre de 70 %.

À l’heure actuelle, un des grands défis des praticiens spécialisés est l’évaluation et la sélection du candidat à une TH. En effet, ils doivent faire face à un paradoxe entre la pénurie et une demande croissante de greffons. L’attente sur liste de greffes est alors plus longue avec pour conséquence une augmentation de la morbidité et de la mortalité pour les receveurs potentiels inscrits sur ces listes. Il est donc fondamental de bien poser l’indication mais également de ne pas référer trop tardivement aux centres de TH les candidats potentiels.

La sélection du receveur : Quand faut-il adresser un patient à un centre de transplantation hépatique ?

Les patients doivent être adressés à un centre de TH quand une complication potentiellement mortelle de la cirrhose survient.

Place des thérapies ciblées dans le traitement du carcinome hépatocellulaire

Mode d’action des thérapies ciblées dans le CHC

La recherche d’un traitement palliatif efficace pour le carcinome hépatocellulaire (CHC) a été longtemps considérée comme difficile en raison de la résistance habituelle de cette tumeur à la chimiothérapie cytotoxique conventionnelle. En outre, des chimiothérapies agressives comportant plusieurs molécules cytotoxiques non sélectives ne peuvent souvent pas être proposées à des patients cirrhotiques ayant une fonction hépatique compromise en raison du risque élevé d’effets secondaires systémiques. De nouveaux traitements médicaux du CHC avancé étaient donc attendus de façon urgente.

La connaissance de plus en plus précise des mécanismes moléculaires impliqués dans la carcinogenèse hépatique a permis le développement de nouvelles thérapies « dites ciblées » parce qu’elles inhibent spécifiquement par exemple des récepteurs de facteurs de croissance ou des voies de signalisation cellulaire. Parmi les principales cibles de ces nouvelles molécules figurent l’angiogenèse tumorale dépendante du VEGF, la prolifération et la survie cellulaires dépendantes de récepteurs de facteurs de croissance comme le récepteur à l’Epidermal Growth Factor (EGFR) ou à l’Insulin-like Growth Factor (IGFR) et des voies de signalisation intracellulaires dépendantes de PI3K-AKTmTOR et de Ras-Raf-MEK-MAPK.

Inhibiteur du VEGF

Le bevacizumab, un anticorps monoclonal recombinant humanisé qui cible le VEGF est rapidement apparu comme un agent thérapeutique majeur en raison de ses effets anti-angiogéniques puissants et de la synergie avec la chimiothérapie cytotoxique observée en partie via la normalisation de la vascularisation tumorale. Plusieurs essais cliniques de phase II ont étudié l’effet du bevacizumab seul, ou en combinaison avec des drogues cytotoxiques ou d’autres thérapies ciblées chez les patients avec CHC.

L’échographie abdominale dans le suivi des cirrhoses

Toute surveillance, au cours d’une pathologie, n’apparaît utile que si elle permet de prévoir les accidents évolutifs, de dépister précocement certaines complications et de guider ou modifier une attitude thérapeutique.

Actuellement, le diagnostic de la cirrhose repose, dans la majorité des cas, sur des tests non invasifs (élastographie, tests sanguins). Une fois le diagnostic de cirrhose établi, il est admis et recommandé de pratiquer une surveillance du patient sur les plans clinique, biologique, endoscopique et échographique. L’échographie semestrielle doit essentiellement apporter des éléments diagnostiques de dépistage mais également des critères pronostiques.

La surveillance échographique est-elle justifiée ?

Pour l’affirmer, il est nécessaire de répondre aux questions suivantes.

Le suivi échographique est-il fiable et reproductible ?

Corrélation interobservateurs :

  • La concordance est bonne à excellente pour les principales caractéristiques du foie, des vaisseaux du système porte et de la rate. Elle est médiocre pour l’écho structure du foie, les veines de dérivation [1].
  • La concordance échographique des paramètres hémodynamiques étudiés grâce au doppler est bonne sur un même appareil [2].
  • La concordance échographique interobservateurs est meilleure que la concordance inter-observateurs étudiée pour l’endoscopie des patients cirrhotiques [3, 4].

Que reste-t-il des indications de la ponction biopsie hépatique ?

L’examen anatomo-pathologique d’un fragment du foie obtenu par ponction biopsie hépatique (PBH) reste un élément essentiel pour le diagnostic de nombreuses atteintes chroniques du foie (1, 2).

Les indications de la PBH se sont modifiées au cours des dernières années du fait du développement de tests sensitifs et sensibles pour le diagnostic de beaucoup de maladies chroniques du foie, mais aussi du fait du développement intensif au cours de la dernière décennie de l’évaluation non invasive de la fibrose par des tests sanguins (FibroTest®, FibroMètre®,…) et/ou par des méthodes physiques telles que l’élastométrie impulsionnelle (Fibroscan®). La PBH écho-guidée ou sous contrôle tomodensitométrique reste souvent indispensable pour obtenir un fragment tumoral en cas de suspicion de tumeur maligne primitive ou secondaire du foie (1-3). Nous nous limiterons dans cet article aux indications de la PBH dans le cadre de maladies parenchymateuses diffuses du foie, à ses contre-indications relatives et absolues. Les modalités de réalisation de la PBH ne seront pas détaillées.

La PBH est un geste invasif, non exempt de complications pour lequel le bénéfice individuel pour le patient doit être mis en balance avec les risques possibles de celui-ci. La PBH reste indiquée lorsque le bénéfice des renseignements escomptés dépasse les risques de l’examen, lorsqu’un diagnostic est nécessaire, lorsque l’établissement d’un pronostic ne peut pas être obtenu autrement que par l’examen anatomo-pathologique du foie, lorsqu’une décision thérapeutique enfin dépend des résultats anatomopathologiques (2, 3).

Indications de la PBH

Les indications de la PBH sont évolutives (tableaux 1 et 2). Les principaux intérêts de la PBH en fonction de l’étiologie de la maladie du foie figurent dans le tableau 2.

Hépatite aiguë E autochtone : une maladie émergente

Le virus de l’hépatite E (VHE) appartient au nouveau genre Hepevirus classé dans la famille des Hepeviridae (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/ICTVdb/) et en est à l’heure actuelle le seul représentant. C’est un virus à ARN de polarité positive non enveloppé, possédant une capside de symétrie icosaédrique mesurant de 27 à 34 nm (1).

Il existe principalement 4 groupes génétiques différents de VHE chez l’homme. Les deux premiers groupes, les génotypes 1 (Asie et Afrique) et 2 (Mexique), regroupent des souches issues de régions dans lesquelles le virus est endémique. Le génotype 2 est également présent en Afrique. Les souches appartenant au génotype 3 ont essentiellement été mises en évidence en Amérique du Nord, en Europe, en Amérique du Sud et au Japon. Le génotype 4 regroupe des virus récemment isolés en Chine, à Taïwan au Japon et au Vietnam. Un VHE d’origine aviaire, parfois appelé génotype 5, a récemment été isolé. Il n’a toutefois jamais été isolé chez l’homme.

Transmission

La transmission du VHE se fait principalement par voie féco-orale. La transmission parentérale est possible puisqu’il existe une virémie transitoire et de courte durée (2 semaines en moyenne) pendant la phase prodromique mais reste exceptionnelle. Il existe un risque de transmission verticale avec des répercussions parfois létales pour le nouveau-né (ictère, cytolyse, hypoglycémie).

Le VHE se distingue des autres virus des hépatites par la présence d’un réservoir animal et donc d’un risque de transmission de l’animal à l’homme. Le porc serait le réservoir principal et l’homme ne serait exposé qu’accidentellement. Néanmoins, le porc n’est pas le seul animal à être infecté par le VHE. Des séquences virales ont été isolées chez les sangliers, les cerfs et d’autres espèces animales dont les rats. Il s’agit dans tous les cas de virus de génotypes 3 ou 4. Les souches de génotype 1 et 2 n’ont à ce jour jamais été mises en évidence chez l’animal.

Comment optimiser une préparation de coloscopie ?

La qualité de la préparation colique conditionne la fiabilité de la coloscopie car la présence de résidus stercoraux diminue la sensibilité de l’examen en cachant des lésions de petite taille ou avec un relief très discret : ils augmentent la durée de l’examen et les risques de complication.

Dans la littérature, on retrouve 20 à 30 % de mauvaise préparation colique (1)

La préparation colique prescrite lors d’une consultation indispensable avec le gastroentérologue doit remplir trois critères : elle doit être efficace, bien acceptée et comprise par le malade sans effet secondaire important.

Elle permet en effet de gérer l’arrêt de certains traitements, voire de contreindiquer certaines préparations : des pertes hydriques significatives peuvent être à l’origine d’insuffisance rénale aiguë chez des patients à risque.

De nouvelles préparations sont apparues sur le marché français. Elles présentent un faible volume à ingérer, une bonne tolérance et une meilleure complaisance du patient.

Pourquoi optimiser une préparation de coloscopie ?

La coloscopie reste un examen de référence pour l’exploration morphologique du côlon. Cependant, elle présente un certain nombre de limites, elle peut manquer des polypes surtout inférieurs à un centimètre. La survenue d’un cancer d’intervalle confirme la probabilité de ces lésions manquées (2).

Harewood et al. (3) considèrent que la préparation est adéquate dans 71 501 des 93 000 coloscopies réalisées (soit 76,9 %). Celle-ci permet d’augmenter la détection des polypes essentiellement de moins de 9 mm de 20 % (1,2 ; IC 95 % : 1,16-1,25).

Froehlich et al. (4) soulignent la moins bonne préparation de 5 832 sujets âgés hospitalisés. La détection des polypes augmente significativement en cas de préparation adéquate (1,46 ; IC 95 %: 1,1-1,9).