Liens d’intérêt À jour sur le site des JFHOD Abréviations Toutes décrites dans le texte Introduction Le cancer colorectal (CCR) représente en France l’un des cancers les plus fréquents, avec 47 582 nouveaux cas rapportés en 2023 (2e rang chez la femme et 3e chez l’homme). Il est également l’un des plus meurtriers et constitue la 2e cause de décès par cancer chez l’homme et la 3e chez la femme. Il s’agit d’un groupe de cancers pour lesquels de plus en plus de décisions médicales, chirurgicales et indications thérapeutiques sont basées sur l’analyse d’altérations moléculaires. L’apparition de nouveaux traitements et le déploiement des techniques d’analyse moléculaire disponibles ont incité l’Institut national du cancer (INCa) à coordonner, en 2021-22, un référentiel de bonnes pratiques et de prise en charge en cancérologie pour actualiser les indications des tests moléculaires en vue de la prescription de traitements de précision dans les CCR. Cet article propose une synthèse des recommandations sur les biomarqueurs tissulaires nécessaires à la prise en charge des patients porteurs d’un CCR en 2023 et sur les indications thérapeutiques en rapport. La carcinogenèse colorectale est un processus complexe se produisant habituellement par étapes, caractérisées par des altérations génétiques successives maintenant bien connues (1). L’analyse (epi)génétique des CCR a permis de décrire trois grands sous-types, caractérisés par : L’instabilité chromosomique (75 % des CCR) (chromosomal instability – CIN), caractérisée par la présence de nombreuses anomalies chromosomiques impliquant des chromosomes entiers ou seulement des fragments chromosomiques. L’instabilité génétique type instabilité microsatellitaire (15 %) (microsatellite instability – MIN), caractérisée par la présence d’un déficit de la voie de réparation MMR dû soit à la présence de mutations inactivatrices des gènes MMR (MLH1, MSH2, MSH6, PMS2) d’origine germinale ou somatique, soit à l’hyperméthylation du promoteur du gène MLH1. L’hyperméthylation des îlots CpG (25 %) (CpG island methylator phenotype – CIMP), caractérisé par une hypométhylation globale de l’ADN (avec l’activation possible de certains oncogènes) et l’hyperméthylation des îlots CpG d’autres gènes (dont MLH1, MGMT, HIC1) entraînant l’extinction de leur expression. Les voies de signalisation les plus fréquemment altérées dans les CCR sont la voie WNT/b-caténine (les gènes le plus fréquemment mutés étant APC, CTNNB1 et RNF43) et la voie RAS/MAPK (KRAS, NRAS, BRAF) auxquelles s’associe l’instabilité génomique liée aux altérations TP53. Quelles cibles moléculaires dans les CCR ? Mutations des gènes RAS et BRAF, voie des MAPK La voie de signalisation RAS (Rat sarcoma virus)/MAPK (Mitogen…